LE SENS DE LA TRADITION QUI DIT:
"CONSULTEZ-LES MAIS FAITES LE CONTRAIRE DE
CE QU'ELLES VOUS CONSEILLENT"
Il se peut qu'on attribue cette Tradition au Prophète
(P). Mais elle a été comprise et bien exploitée pour signifier le
mauvais traitement de la femme. Nous pensons que le sens profond de
cette Tradition est différent de la signification qu'on lui attribue et
ce pour la simple raison que cette signification ne s'accorde pas avec
la nature des droits généraux en Islam. Si l'on prend le sens apparent
de cette Tradition, nous trouvons que l'homme doit consulter la femme au
sujet de toute question avant de décider que le bon choix est le
contrarie de son avis, même si cet avis est bon. Mais s'il est vrai que
nous accusons certaines femmes d'être trop affectueuses dans les
questions qui touchent à l'affectivité, ou d'être affectées paf
l'arriération qui les entoure et qui peut influencer leur réflexion, il
est vrai aussi que nous ne pouvons pas dire que toutes les femmes sont
soumises à l'influence de l'affectivité dans toutes les évaluations
qu'elles font des questions intellectuelles ou sociales. Nous ne pouvons
pas dire que toutes les femmes sont arriérées. Dans le même sens, on ne
peut pas dire que tous les hommes constituent leurs avis à partir de la
réflexion rationnelle, car beaucoup d'entre eux le font à partir de
l'affectivité. Il arrive même qu'ils soient, dans certaines situations,
plus affectifs que les femmes dans leurs façons de gérer leurs vies.
Comment donc comprendre cette Tradition?
Nous pensons que cette Tradition s'inscrit dans le
cadre de la nécessité, pour l'homme, de ne pas se soumettre à la femme
et ce du fait que l'élément naturel qui régit leur relation est le
rapport affectif ouvert sur l'élément instinctif et sexuel. Il est
naturel, comme nous le savons, que cette fusion de l'élément affectif et
de l'élément instinctif ait une grande influence sur la personnalité de
l'homme. Cela peut le pousser à être attiré par elle de la même manière
qu'il peut lui être soumis, de sorte qu'elle peut arriver à lui imposer
ses opinions et le pousser, en exploitant sa soumission à son instinct
et à son affectivité, à adopter des mauvaises attitudes. C'est ce que
nous remarquons dans les méthodes des services secrets qui utilisent les
femmes pour obtenir, à travers les relations personnelles et intimes,
des secrets militaires auprès des dirigeants militaires ou politiques.
La Tradition mentionnée souligne, d'après ce que nous pensons, la
nécessité, pour l'homme, de ne pas habituer la femme à le dominer et à
lui imposer ses avis dans toutes les circonstances. Une telle attitude
peut conduire à sa domination définitive par elle ainsi qu'à
l'effacement totale de sa personnalité devant elle.
"Consultez-les, mais faites le contraire de ce
qu'elles vous conseillent". Veut donc dire: habituez-les à être
contredites. Une telle habitude permet à l'homme d'être solide vis-à-vis
des exigences de la femme et habitue la femme à comprendre que l'homme
peut refuser certaines de ses exigences. Cela s'accorde avec les paroles
attribuées à l'Imam 'Ali (p) disant:
"Ne leur obéissez pas dans ce qui est acceptable pour
ne pas les encourager à prétendre à l'inacceptable".
Cela veut dire que l'homme ne doit pas habituer la
femme à être absolument obéie, dans ce qui est permis ou acceptable,
dans le sens où l'obéissance doit être vouée à ce qui est permis et
acceptable et non pas à la femme elle-même. L’obéissance vouée à la
femme et qui s'identifie à la soumission peut inciter la femme à vouloir
habituer l'homme à accepter l'inacceptable par l'exploitation de ses
penchants affectifs et instinctifs.
Pour cette raison, la Tradition mentionnée ne parle
pas de la valeur de l'opinion de la femme pour dire que l'opinion de la
femme est sans valeur. Elle parle plutôt de la nature de la relation
entre l'homme et la femme et indique que cette relation doit être fondée
sur la prudence dont la fonction est de signaler à la femme la
possibilité qu'a l'homme de la contredire, et à l'homme la nécessité de
ne pas se soumettre à elle.
"Consultez-les, mais faites le contraire de ce
qu'elles vous conseillent" ne veut pas dire que l'opinion donnée par la
femme, en réponse à la consultation de l'homme, est contraire à la
vérité. La Tradition demande aux hommes d'habituer les femmes à être
contredites dans certaines situations, pour qu'elles ne soient pas
tentées par la facilité d'exploiter le côté affectif de l'homme dans le
but de l'exploiter, et pour que l'homme, lui-même, se montre assez ferme
pour ne pas perdre le contrôle de la situation.
Il est donc naturel que l'homme consulte la femme,
sur cette base, et de discuter avec elle tout en acceptant qu'elle
discute avec lui pour que la discussion soit la base à partir de
laquelle il est possible d'atteindre la vérité à travers la conviction.
Nous avons dit, au début, qu'il ne nous est pas possible d'adopter le
sens apparent de la Tradition mentionnée, car si nous le faisons ainsi,
elle signifierait que l'homme qui, par exemple, ne fait pas la prière et
qui consulte sa femme pour savoir s'il doit la faire ou non, doit
continuer à ne pas la faire si sa femme lui donne le conseil de la
faire! Le sens de la Tradition n'est pas celui-là, mais plutôt: "Consultez-les,
dans certaines situations et contredisez les, dans certaines autres, et
ce pour que la femme comprenne qu'elle ne possède pas l'homme pour
prétendre à le dominer et pour que l'homme comprenne qu'il ne doit pas
se soumettre à la femme et qu'il doit être prudent dans ce domaine et
résister à l'affectivité qui pourrait le conduire vers ce qui ne plaît
pas à Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié-".
On peut ajouter à tout cela le fait que l'Islam
considère la société islamique comme la société de la Consultation. Dieu
-qu'il soit exalté et glorifié- dit dans son Livre:
"…Ils (les Croyants) décident de leurs affaires par
consultation" Coran, "ash-Shura" (la Consultation), XLII, 38.
Cela veut dire que les gens doivent se consulter au
sujet de toutes les affaires qu'ils ont à traiter et cette consultation
permet de profiter de l'expérience ou de la connaissance des uns et des
autres. Sur la base de cette considération, la femme qui fait partie de
la société islamique est concernée par la consultation.
Il existe des domaines où l'homme et la femme ont des
responsabilités communes comme c'est le cas de la maison, des enfants et
des relations sociales communes. Lorsque la femme possède un niveau
culturel, politique et social qui lui assure l'expérience nécessaire
dans ces domaines, l'homme doit la faire entrer dans un dialogue avec
lui qui représenterait la ligne de la Consultation. Il doit délibérer
avec elle au sujet des questions politiques, sociales et culturelles. Et
si nous considérons que la consultation ne représente pas une affaire
d'obéissance de l'un à l'autre, mais un dialogue où chacun présente son
point de vue pour qu'il soit discuté par l'autre, et pour que la
discussion s'inscrive dans la ligne de l'échange visant à atteindre une
conviction ou une entente commune, nous trouvons alors qu'aucun problème
ne peut se dresser pour empêcher la consultation de la femme par l'homme
ou celle de l'homme par la femme. Cela est d'autant plus utile que
chacune des deux parties est libre d'accepter les propositions de
l'autre si elles lui paraissent convaincantes ou de les refuser dans le
cas contraire. Il est donc possible de consulter la femme au sujet de
toutes les affaires qu'elles connaît, surtout si ces affaires font
partie de celles en relation avec sa propre expérience à elle et avec
leur responsabilité commune à elle et à lui. Nous aimerions affirmer,
encore une fois, que la discussion concerne la sphère de l'expérience du
désaccord qui peut intervenir, dans certaines situations, et qui doit
s'inscrire dans le cadre de l'équilibre qui doit, à son tour, marquer la
nature même de la relation entre l'homme et la femme. |