COMMENT RESSOUDER LES DIFFÉRENDS CONJUGAUX?
Si un conflit oppose l'homme et sa femme, les parents
doivent s'efforcer de les réconcilier. C'est ce qui est prôné par le
noble verset coranique qui dit:
"Si vous craignez la séparation (des deux conjoints),
envoyez un arbitre de sa famille à lui et un arbitre de sa famille à
elle. S'ils veulent se réconcilier, Dieu les aidera à le faire". Coran
"an-Nisa'" (les Femmes), IV, 35.
Et si les tentatives de réconciliation échouent, on
recourt au divorce qui devient la solution inévitable, lorsque tous les
moyens de sauver la vie familiale s'avèrent inopérants et lorsque la vie
commune commence à constituer un danger pour les deux conjoints, ou pour
les enfants et la société. Dans ce cas, le divorce devient un moyen
naturel de mettre fin à la relation, un moyen semblable à toute autre
rupture, dans tout autre genre de relations humaines.
Le divorce devient une solution dans les situations
où la vie conjugale se transforme en une suite sans fin de problèmes, où
la vie devient semblable à un enfer insupportable, où les deux conjoints
ne retrouvent plus la paix spirituelle et vitale dans leurs relations
l'une avec l'autre. Il devient une solution lorsqu'en même temps, la
discorde menace d'avoir des retombées au niveau du développement
spirituel naturel des enfants, retombées qui pourraient être à même de
détruire leur constitution psychologique et mentale. La discorde peut
aussi donner lieu à des problèmes sociaux à travers les rapports des
deux époux avec leurs familles respectives, ce qui veut dire que la
poursuite de la vie commune sans pour autant mettre fin aux problèmes
peut conduire à une discorde aveugle entre les familles des deux
conjoints… Dieu a fondé le mariage sur l'amour et la compassion. Si ces
deux instances cèdent la place à la haine, à la rancune et à la cruauté,
si la réalité ne peut pas être améliorée et si la relation conjugale
commence à menacer de se transformer en un lieu animé par la
désobéissance à Dieu, un lieu où la femme désobéit à Dieu à travers sa
mauvaise relation avec son mari et où le mari désobéit à Dieu à travers
sa mauvaise relation avec sa femme… Il est obligatoire, dans telles
situations, de recourir au divorce.
Il est naturel que tout homme en relation avec un
autre, dialogue avec lui. Cela est d'autant plus nécessaire dans la
relation conjugale dont l'influence, positive ou négative, ne touche pas
les deux époux seulement, mais va jusqu'à affecter les enfants et le
milieu social ambiant. Il est naturel que tout, entre les deux époux,
soit fondé sur le dialogue. Le Noble Coran souligne se fait en disant:
"Repousse (le mal) par ce qui est bien…!". Coran
XXIII, 96.
Cela veut dire que l'homme doit toujours imaginer les
moyens susceptibles de résoudre les problèmes par l'éclaircissement des
zones obscures et ambiguës dans le cas où c'est l'ambiguïté qui est à
l'origine de l'incompréhension ou du malentendu, et par la liquidation
des complications internes si celles-ci sont possibles à liquider.
Il va de soi que l'Islam n'encourage pas le divorce,
tout comme il n'encourage pas la rupture de toute autre relation, même
au niveau des amitiés personnelles, qu'une fois que tous les moyens sont
épuisés de sauvegarder la relation et de l'ouvrir à tous les horizons
des causes humaines qui affirment son évolution dans le sens de
l'intérêt des personnes concernées. Il est donc nécessaire pour les deux
époux d'apprendre la langue du dialogue avant d'entamer leur vie
conjugale. C'est ce que nous avons essayé de souligner dans certains de
nos discours. Les parents doivent éduquer leurs enfants, les futurs
époux et épouses, et leur apprendre à bien accomplir leurs devoirs
conjugaux, non seulement au niveau des services que chacun des deux
époux doit rendre à l'autre, mais aussi au niveau de la gestion de la
vie conjugale à travers la compréhension réciproque, à travers le
dialogue et à travers "Repousse (le mal) par ce qui est bien…!", Coran
XXIII, 96. Il est indispensable que chacun des deux époux soit éduqué de
telle sorte qu'il comprenne qu'il est voué à être le conjoint d'un autre,
à ce qu'il comprenne qu'avec le mariage, chacun perd sa vie individuelle
pour s'attacher à l'autre dans toutes les instances de sa vie. Il va de
soi que chacun cherche les moyens qui sauvegardent la liaison et
l'entretiennent dans un état de cohésion semblable à celle des
différents membres d'un seul et même organisme.
Il est aussi naturel que la relation conjugale –comme
toute autre relation- ne soit pas soumise à des repères matériels car
ces repères peuvent être facilement manipulés par tous. Ainsi, nous
remarquons, par exemple, que beaucoup de parents, ou de femmes, essayent
de chercher des garanties à la continuité de la relation conjugale en
exigeant une dot élevée, ce qui peut rendre perplexe le mari dans le cas
où il se trouve obligé de recourir au divorce. La dot élevée pourrait
l'empêcher de divorcer et le pousserait, dans le cas où il est dépourvu
de piété et de vertu, à maltraiter sa femme au point de l'obliger à
abandonner la dot et tous ses autres droits. Pour cette raison, nous
pensons que les garanties matérielles ne peuvent jamais produire une
relation humaine. Elles ne peuvent, non plus, assurer la continuité
d'une relation humaine, les seules garanties valables étant la
personnalité humaine englobant la morale, la piété et la considération
de Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié. Ce sont là les seules instances
capables d'empêcher l'être humain de se mal conduire. J'imagine que
l'épouse qui découvre un jour, et sous l'influence de telle ou telle
circonstance, que son époux s'éloigne d'elle, par son âme et par son
esprit, doit songer à se séparer de lui du moment où, ni par ses propres
moyens, ni au moyen des autres, elle n'arrive pas à le convaincre et à
changer sa posture. Il en est ainsi car l'être humain ne retrouve pas le
sens de la vie s'il vit avec un autre être humain qu'il n'arrive plus à
souffrir et qui désire ardemment l'abandonner. Nous imaginons que
l'épouse ne retrouve ni le bonheur ni le repos du moment où elle sent
que son mari n'a plus de vrais sentiments envers elle. Dans cette
situation, le divorce constituerait une solution pour son problème,
comme il l'est pour celui de son mari. Il est naturel qu'on rétorque,
face à ces paroles: "S'il en est ainsi pour ce qui est du mari, que
diriez vous de la femme qui n'arrive plus à supporter son mari? Que
peut-elle faire pour se débarrasser de lui?".
Dans une telle situation, le Législateur donne à
l'épouse le droit de demander le divorce. Elle peut aussi se réserver le
droit de divorcer elle-même et poser cette condition avant le mariage du
moment où l'homme accepte qu'elle le représente dans l'opération de
divorce. Tel est l'avis de certains docteurs de la Loi contemporains. La
chose prend une allure tout à fait formelle lorsque la femme décide,
avant le mariage, de se réserver le droit de divorcer elle-même.
On peut répondre que le divorce relève de seules
prérogatives de l'homme, car le Législateur lui a donné, à lui et non à
la femme, le droit de divorcer. On peut dire aussi que cette condition
est en contradiction avec le Livre (le Coran) et la Sunna. Mais la
vérité est que la femme peut divorcer elle-même si elle pose, auparavant
la condition d'être représentative du mari dans l'opération de divorce.
Il lui est donc possible, dans le cadre de cette condition, de divorcer
elle-même du moment où elle sent qu'elle ne peut plus continuer à vivre
et à évoluer avec son mari. Il en est ainsi car le problème de la femme
ou son besoin de divorcer peut ne pas être représenté dans l'un des deux
facteurs humains ou affectifs, mais plutôt dans le facteur économique.
Car, le plus souvent, la femme qui ne travaille pas et qui ne trouve pas
des conditions favorables pour une vie honorable perd, en divorçant,
l'élément de la sécurité de sa vie économique. Mais lorsque la femme
trouve des conditions favorables pour une vie honorable, la question du
divorce a moins d'influence sur la mentalité sociale qui pèse sur les
sentiments de la femme divorcée et l'expose à maintes accusations,
considérations et attitudes agressives peu normales. C'est une affaire
relative à la nature de la sociétés et les sociétés changent de
mentalités lorsque tout le monde sait que le divorce est rendu licite
par Dieu tout comme le mariage qui est rendu licite par Dieu et que le
divorce ne constitue pas un "complexe" pour l'homme. Et il est naturel,
pour deux personnes qui n'arrivent pas à s'accorder, de ne pas vivre
ensemble et de se séparer d'une manière toute naturelle.
Nous pensons que, pour résoudre ces problèmes, la
femme et tout autre être humain ont le droit de chercher à disposer des
éléments de la force pour leurs personnalités, éléments qui les
protègent et empêchent qu'ils soient écrasés sous le poids des
circonstances imprévues. Nous pensons qu'il est nécessaire pour la
femme, mais aussi pour l'homme, d'avoir une profession, une expérience
ou une situation dans la vie qui leur permettraient de faire face à
toutes les circonstances imprévues qui pourraient les mettre en état de
dépendance vis-à-vis des autres. Les gens peuvent être asservis par
leurs besoins et Dieu veut que les gens soient libres. Il veut qu'ils
vivent la liberté vis-à-vis de leurs besoins pour qu'ils puissent vivre
la liberté dans ce qui est humain en eux. |