LA DISTINCTION FONDÉE SUR LA DIFFÉRENCE DE
L'APPARTENANCE RELIGIEUSE
En ce qui concerne cette question, l'Islam cherche à
protéger ses adeptes des pressions susceptibles de les conduire à
sombrer dans la déviation. Nous nous arrêtons devant deux points en
rapport avec cette question:
Le premier est que le mari peut ordinairement avoir
de l'influence sur la réalité de la maison dans la mesure où il soumet
la famille à ses options ne serait ce que du point de vue pratique.
Cela est clair au niveau de la réalité. Et si cela
n'est pas effectivement clair dans certaines situations, il l'est
parfaitement sur le plan de la théorie: l'homme est l'agent actif de la
maison dans toutes les régions habitées. Il existe différents dictons
qui affirment que la femme "prend de" la religion de son mari. Le point
de vue islamique peut être fondé sur le fait que, dans la situation où
le mari n'est pas Musulman, des pressions peuvent être exercées sur la
femme musulmane pour l'éloigner de l'Islam des deux points de vue
intellectuels et pratiques, non par la conviction, mais par le biais des
pressions affectives et matérielles.
Cette remarque peut être prise en compte dans la
mesure où nous savons que beaucoup d'époux exercent des pressions sur
leurs femmes dans le domaine de l'appartenance politique. Le mari peut
opprimer sa femme si son appartenance politique est différente de la
sienne.
Le second point en rapport avec cette question est
qu'il existe une différence entre l'Islam, ouvert au niveau de la foi, à
tous les messages divins, et le christianisme et le judaïsme. Le
christianisme ne reconnaît pas l'Islam en tant que religion révélée et
ne respecte pas le Prophète Muhammad (P) en tant que l'un des messagers
de Dieu. L'ultime attitude que les penseurs chrétiens peuvent prendre
lorsqu'ils lisent le Coran ou lorsqu'ils prennent connaissance des actes
et des paroles du Prophète est qu'ils l'apprécient en tant qu'homme de
génie, comme réformateur, comme homme de lettres ou comme
révolutionnaire… Mais ils ne le respectent jamais en tant que messager
de Dieu. Et lorsque la question se pose au niveau populaire, là où
l'initiative est aux mains de l'arriération et du fanatisme, on constate
que beaucoup de Chrétiens ne se gênent pas de parler du Prophète de
manière humiliante, peu respectueuse ou agressive.
On constate aussi que les Juifs ne respectent pas
Jésus Christ (p) en tant que l'un des messagers de Dieu, car ils ne le
considèrent pas comme étant le Messie attendu tel qu'il est présenté
dans leurs livres. Et ils ne respectent pas le Prophète Muhammad (P) en
sa qualité de Messager de Dieu. Ainsi, et abstraction faite de l'aspect
politique de la question, rien n'empêche le Juif, en tant que juif du
point de vue religieux, de parler –de la même manière humiliante- du
prophète 'Issa (p) (Jésus) ou du Prophète Muhammad (P).
Contrairement à ces attitudes, le Musulman respecte
tous les messages divins et tous les messagers de Dieu. Sa devise est la
foi en Dieu, en ses messagers, en ses livres, aux anges et au Jour
Dernier. La méthode du Musulman qui s'adresse aux Gens du Livre
s'inspire du verset coranique qui dit:
"Dis: Nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été
révélé, à ce qui a été révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et
aux tribus, à ce qui a été donné à Moïse, à Jésus, et aux prophètes de
la part de leur Seigneur. Nous n'avons pas de préférence pour l'un
d'entre eux. Nous sommes à Dieu" Coran, "al-'Imran" (la famille d'Imran),
III 84.
Ainsi, le Musulman ne peut aucunement s'attaquer à la
personne de Moïse (P), de Jésus ou de Marie (p) car il considère Moïse
et Jésus comme deux messagers de Dieu et il croit en eux comme s'il
appartenait à leur religion. Le Coran voue à Marie (p) un respect sans
égal même dans les Évangiles.
Le Coran respecte également l'Évangile et la Torah.
Et s'il polémique avec les Chrétiens et les Juifs au sujet de certaines
questions, il le fait sur la base de la déformation de ces deux textes
par les responsables religieux chrétiens et juifs et non sur la base
d'une quelconque haine qu'il vouerait à la Torah ou à l'Évangile.
Pour toutes ces raisons, le mari musulman ne peut
jamais porter atteinte aux convictions de sa femme chrétienne ou à ses
principaux symboles sacrés représentés par les prophètes et les livres
même s'il ne s'accorde pas avec elle au sujet des cultes et des
questions de détail qui n'ont pas une signification sacrée au sens
religieux de la sacralité. Cela rend possible la cohabitation du mari
musulman avec sa femme appartenant aux gens du livre dans la mesure où
cette cohabitation est fondée sur le respect porté par le mari envers sa
femme, respect spontané et conforme avec son propre engagement religieux.
Mais il n'en est pas de même dans la situation où une
femme musulmane se trouve mariée avec un homme chrétien qui, en tant
qu'engagé du point de vue religieux, ne pourrait pas se comporter avec
la même spontanéité dans le respect du symbole religieux de sa femme
musulmane. La situation est la même pour ce qui est de l'homme juif.
Ainsi, l'époux non Musulman qui désire respecter les choses sacrées de
sa femme musulmane ne peut le faire que par complaisance ou par
hypocrisie, ce qui prive la vie conjugale de sa spontanéité.
Ces deux remarques peuvent être d'une importance
fondamentale dans l'attitude islamique qui admet le mariage d'un homme
musulman avec une femme non musulmane sans toutefois admettre le mariage
de la femme musulmane avec un homme non musulman. Cela ne veut pas dire
que ces deux remarques sont fondamentales pour la législation.
C'est-à-dire cela ne signifie pas que nous les adoptons dans la
législation car notre engagement est fondé sur les textes du Livre et de
la Sunna qui représente l'aspect religieux que nous ne pouvons nullement
discuter sa nature légale. Nous pouvons, tout au plus, nous inspirer de
cette analyse pour l'utiliser dans la démarche législative.
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