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RÉFLEXIONS SUR "REGARDS ISLAMIQUES SUR LA FEMME"
Dans son dynamisme, la vie dépasse beaucoup de
valeurs sociales muables. Et face à ce mouvement, toujours nouveau, de
la vie, certains peuvent penser qu'il est nécessaire de trouver de
nouvelles valeurs immuables. Mais ce qui est vraiment nécessaire est de
suivre ce mouvement en s'ouvrant à lui avec les valeurs immuables
existantes.
Sur le plan du mouvement de la vie considérée dans sa
dimension sociale et, en particulier, à travers le rapport homme/femme,
le livre de l'ayatollah as-Sayyid Muhammad Hussein Fadlullah "Regards
islamiques sur la femme" intervient comme une goutte de lumière qui se
déplace sur les horizons de la vie islamique humaine pour révéler la
vérité dont l'image se voile derrière les lignes rapides et enchevêtrées
du mouvement. Il intervient pour manifester la logique islamique sans
soumission aucune au chantage de la modernité: "Nous n'adoptons pas la
logique syncrétique qui part du désir de se réconcilier avec l'idée
voulant moderniser l'Islam par son assujettissement aux changements
occasionnels issus de la domination d'une pensée bien déterminée..".
Le livre part du fait que l'homme musulman, qu'il
soit mâle ou femelle, doit agir suivant la ligne missionnaire. Cela ne
peut avoir lieu qu'à travers la mobilisation de toutes ses énergies
humaines même aux dépens de sa masculinité ou de sa féminité, sans
toutefois supprimer ces deux instances. C'est à partir de cette
constante qu'il est possible de déterminer les rôles respectifs de
l'homme et de la femme missionnaires.
Mais parler de la femme pose le problème de vieilles
sensibilités historiques en raison de la capacité qu'a la femme d'être
plus séductrice que l'homme et en raison aussi de l'injustice qui, dans
les pratiques dominantes, a consacré la faiblesse de la femme en face de
la force de l'homme. Il est donc nécessaire de mettre les points sur les
"i" pour que le sens se manifeste clair et authentique, sans omissions
ni ajouts et pour ainsi éviter l'extrémisme de la négligence et de
l'abus à la fois, extrémisme qui, au lieu d'atteindre la vérité, tombe
dans deux erreurs…. Nous ne devons donc pas reprendre à notre compte une
partie de la pratique sociale fondée sur un mauvais héritage qui frustre
la femme de ses droits. "Beaucoup de membres de la nouvelle génération
reproduisent les comportements de leurs pères dont ils récusent
l'arriération et se laissent paradoxalement influencer par eux. De la
sorte, la vie cesse d'être le fruit d'une relation bien étudiée par les
deux conjoints et devient une relation qui subit le désordre et
l'influence des résidus, des coutumes et des situations ambiantes". Nous
ne devons non plus reprendre à notre compte l'autre partie qui appelle à
la liberté de la femme sans, pour autant, respecter les règles
permettant à la femme de ne pas s'écarter de la ligne en tant que
personne ayant une mission à servir. "Il est donc nécessaire de recourir
à des règles pratiques qui font de la liberté un mouvement réaliste
allant dans le sens de l'intérêt suprême de l'homme, au niveau de
l'individu, ce qui protège sa vie et y assure l'équilibre dans le
mouvement de l'esprit et du corps et, au niveau du groupe, dans le
terrain ouvert aux changements des situations sociales, dans le domaine
des larges transformations ainsi que dans celui des transformations
restreints". As-Sayyid Fadlullah appelle à établir une situation de ce
genre au niveau du mouvement de la femme, de son travail et de ses
contacts avec les hommes dans la vie publique, ou au niveau de ses choix,
de son mariage et de sa maternité dans la vie privée. Cela permet à
l'homme et à la femme de se compléter sous le grand titre de l'"homme",
sans que l'un d'eux ne supprime la personnalité ou le rôle de l'autre.
Il est indiscutablement établi que l'Islam n'est pas
une religion cléricale. Il est la dernière et la plus intégrale des Lois
révélées. Elle régit les diverses orientations des relations de l'homme
et leur assure les moyens du progrès et de la sublimation. Son intérêt
ne se réduit pas à la dimension morale de l'homme, puisqu'elle active la
dimension instinctive dans le cadre d'un noble projet sacré. L'Islam
n'interdit pas aux humains de satisfaire leurs besoins charnels, mais il
soumet cette satisfaction aux exigences du progrès. Ainsi, l'Islam
interdit l'adultère, mais il permet ou, plutôt, sacralise le mariage. Il
interdit l'usure, mais donne ses bénédictions aux échanges et au
commerce. Il interdit le vol, mais protège la propriété légale et ainsi
de suite. En outre, il propose des législations préventives dignes de
nous prémunir contre toute situation pouvant conduire à la déviation.
A partir de ces fondements légaux, le livre se penche
sur maintes affaires en rapport avec la femme et avec la société en
général, comme le travail, l'amitié et l'amour. Le travail est un devoir
pour l'homme tout comme il l'est pour la femme, puisque l'homme et la
femme ont un rôle commun au service du message. "L'Islam n'a pas
supprimé l'humanité de la femme et n'a pas, non plus, dispensé la femme
de ses responsabilités". Mais ces responsabilités vont de pair avec le
respect des règles de la conduite islamique: par exemple, l'homme n'a
pas le droit d'interdire à sa femme d'exercer un travail légal sauf pour
ce qui est des implications de ce travail comme la sortie de la femme de
la maison conjugale, sortie qui doit être autorisée par le mari, d'une
manière absolue ou de la manière ne portant pas préjudice à son droit.
Cela est en relation avec les considérations de la responsabilité ne
touchant que les affaires en rapport avec la maison conjugale".
En ce qui concerne la question de la promiscuité, "on
peut avoir besoin d'un climat commun dans l'action sociale, dans
l'action islamique ou dans l'action culturelle. Ces climats doivent être
protégés par beaucoup de conditions et règles pour ainsi prévenir toute
déviation". "La société des Croyants doit étudier ces affaires de
manière rigoureuse afin de ne pas tomber dans l'expérience difficile qui
pourrait porter atteinte aux deux parties ou, même, à la totalité de la
société des Croyants".
Pour ce qui est de la question de l'amour, "l'Islam
n'interdit pas à l'homme d'être attiré par la femme ni n'empêche la
femme d'être attirée par l'homme. La seule condition est que cette
attirance ait lieu dans le respect de la ligne légale", c'est-à-dire
celle qui conduit à une relation légale.
As-Sayyid Fadlullah s'est aussi penché sur la réalité
d'arriération dont souffre la femme. Il signale que la question du
progrès est en rapport avec des considérations culturelles et que
l'arriération de notre société, celle des hommes et des femmes à la fois,
est le produit d'une pratique erronée qui a fait abstraction de "l'originalisation
de la personnalité islamique dans la vie individuelle et collective".
Quant à l'arriération de la femme, elle a été consacrée par les
pratiques héritées et la femme "doit agir, à travers un long processus
de lutte pour convaincre l'homme qu'elle est, elle aussi, un être humain
qu'il est dans son pouvoir de mener, comme l'homme, le processus du
développement sur tous les plans culturels, économiques ou sociaux".
Le quotidien libananis al-'Ahd
2 octobre 1992
LA FEMME CORANIQUE EST PAREILLE À L'HOMME ET LA
RÉALITÉ NUIT AU TEXTE
La question de la femme en Islam pose de nombreuses
questions embarrassantes qui n'ont pas encore reçu de réponses claires
et précises. Toutefois, cette question occupe une grande place dans le
débat et la réflexion à l'intérieur et à l'extérieur de la société
islamique.
Pour sa part, as-Sayyid Muhammad Hussein Fadlullah
traite la question de la femme et propose un point de vue intégral dans
son livre récent "Regards islamiques sur la femme". Il nous a accordé
cette interview sur les principaux axes du livre:
Question: la question de la femme paraît faire
l'objet d'une confusion permanente dans la pensée et la réalité
islamiques. Quelles en sont les raisons?
Réponse: la question de la femme est complexe dans le
mouvement de la réalité qui est négative vis-à-vis d'elle dans la mesure
où elle part de considérations floues qui essayent de poser des concepts
pour la réalité ou de tirer de cette réalité des suggestions permettant
de mettre l'interprétation du texte au service de la réalité, au lieu de
faire de la réalité un mouvement vers les textes.
Il est naturel que toute pensée qui apparaît dans
toute société soit incapable de transformer la réalité, même si cette
pensée s'élance dans l'opération de la législation quotidienne pour
l'homme. Le changement peut avoir besoin de beaucoup de temps et
celui-ci peut assécher beaucoup de solutions parmi celles emmagasinées
dans les profondeurs de l'âme qui renferme l'historie dans sa totalité.
D'où, il se peut que nous trouvions que la nature de la réalité, dans
ses résidus et dans son arriération, s'impose aux concepts pour les
interpréter dans le sens de ses intérêts. Ainsi, nous remarquons que le
texte islamique a accompagné la réalité anté-islamique de sorte que le
mouvement nouveau qui a pris naissance dans cette réalité n'a pas pu
changer le concept d'une manière radicale. Toutefois, ce mouvement a
essayé d'élargir les horizons de cette réalité ou de lui injecter
certains concepts nouveaux. Pour cette raison, la question de la femme
s'est posée comme une réalité qui se meut dans la société islamique
beaucoup plus que comme un concept adressé à la société islamique. Je
pense que la société islamique a hérité la question de la réalité
qu'elle a combinée avec certains points qu'elle a, encore une fois,
distribués à certains des positions de la femme au foyer et dans la
société d'une manière qui donne à la question une forme islamique.
Nous savons que l'Islam a fait de la femme un être
indépendant en plein sens du terme. La femme croit, pense et en prend la
responsabilité dans ce bas-monde et dans la vie future.
Et lorsqu'elle vit sous une autorité, n'importe
quelle autorité, la femme prend la responsabilité de son engagement, ou
de son non engagement au service de cette autorité. Pour cette raison,
nous remarquons que le Coran parle du serment d'allégeance prêté par les
hommes. Dans les versets coraniques, la femme est aussi un être humain
qui se révolte contre la réalité qu'elle refuse et agit avec violence
pour se débarrasser de cette réalité. C'est ce que le Coran nous a
relaté en parlant des femmes croyantes et Émigrantes qui ont fui leurs
maris ou leurs pères pour rejoindre le Prophète et sauvegarder leur foi.
Leur fuite pouvait être l'expression d'une situation personnelle ou
d'une révolte contre la réalité régie par le polythéisme et le paganisme.
C'est pour cette raison que le Coran dit: "Si tu sais qu'elles sont
croyantes, ne les rend donc pas aux mécréants". Cela veut dire que, dans
la conception islamique, La femme est un être humain qui est responsable
de son action et qui s'ouvre sur la réalité de l'autorité sociale pour
prendre une attitude positive ou négative dans ce domaine…
Question: (Si vous permettez). Le manque de justice
dans la société islamique et qui ne va pas dans le sens de l'intérêt de
la femme, est-il issu de l'incapacité de comprendre le texte ou bien le
texte ne peut pas être mis en application?
Réponse: La question peut ne pas être celle du peu de
réalisme du texte. Mais la question a deux aspects. Le premier est que
la réalité peut rendre le texte brumeux, surtout avec la langue arabe où
les mots peuvent prendre des sens différents, ce qui augmente les
possibilités de l'interprétation dans l'intérêt de la réalité. Le second
est que le texte ne peut pas se protéger de la réalité car, lorsque le
texte se transforme en réalité, à travers les conditions objectives qui
entourent le milieu ambiant du texte, que ce milieu soit celui de
l'homme, ou l'autre milieu à l'intérieur duquel l'homme se met en
action… pour cette raison, je pense que la question se pose, d'un côté,
à travers la profonde incompréhension du texte à partir de l'influence
de ceux qui provoquent la position des concepts dans la réalité et, d'un
autre côté, à travers la pression de la réalité sur le mouvement du
texte allant dans le sens de sa transformation en application pratique
dans la vie de l'homme.
Question: certains pourraient dire (qu'à son époque),
le texte qui a traité la question de la femme ne peut pas s'appliquer à
la question de la femme de notre époque.
Réponse: beaucoup de textes parmi ceux qui
s'adressent à la question humaine dans le processus de l'évolution et du
changement ne peuvent pas se réaliser à leur époque originelle, et ce
pour une simple raison: les opérations d'évolution et de changement
interviennent pour effacer des montagnes d'idées différentes ou
contraires. Cela signifie que la sclérose qui frappe le sujet, avec tout
ce qu'il a comme résidus et dispositions, ne peut pas être effacée au
moyen d'un prêche, d'un conseil ou d'une analyse intellectuelle. Comme
ils ont besoin de temps pour s'imposer au niveau de la réalité
universelle, les éléments naturels ont également besoin d'un temps
encore plus long pour s'imposer à la réalité intellectuelle de l'homme.
Pour cette raison, nous pensons que, à toute époque, le rôle du texte
dans le changement est de créer une atmosphère d'interrogation et de
discussion, d'ouvrir la voie à une petite expérience par ci, à une autre
par là, et de lancer une sorte de pensée opposée qui pose la question
sur le terrain du conflit, ce qui enfin, l'aide à se transformer en un
mouvement nouveau et enraciné dans la réalité à condition que les
conditions objectives soient prêtes à cet enracinement.
Mais il se peut que, pendant que certains textes
agissent dans le sens du processus du changement, dans le sens du heurt
avec les barrières de l'arriération qui s'imposent à la réalité, ces
barrières empêchent le texte de se transformer en pratique. Ce phénomène
ne se réduit pas à la pensée religieuse qui cherche à faire évoluer le
concept humain dans le sens de son humanité: nous pensons que tous les
autres concepts issus, non pas d'un terrain religieux, mais d'un terrain
philosophique, ont pris naissance de manière réaliste et à travers les
éléments de la réalité, mais les conditions ambiantes les ont toujours
empêchés d'atteindre leurs objectifs dans ce domaine.
Question: Votre Excellence! Êtes-vous convaincu que
la femme est égale à l'homme?
Réponse: dans la question humaine, c'est-à-dire en ce
que la femme est pensée, sentiment, affectivité, mouvement et
responsabilité, je ne pense pas qu'elle soit différente de l'homme. Je
ne parle pas ici d'une manière "subjective" fondée sur une réflexion
subjective sur cette question, mais je pense, par exemple, que je parle
à partir du concept islamique. Nous remarquons qu'en parlant des aspects
positifs et négatifs concernant la question de la responsabilité, le
Noble Coran n'a pas mis de frontières entre l'homme et la femme. Nous
considérons donc que c'est la question de la responsabilité qui nous
donne le concept au sujet de la question de l'égalité de l'homme et de
la femme ou de leur distinction.
Question: parlez-vous des responsabilités des droits
et des devoirs ou des devoirs seulement?
Réponse: il s'agit de la responsabilité de l'être
humain dans son action, abstraction fait de sa responsabilité envers
l'autre. C'est-à-dire lorsque nous agissons comme des personnes
responsables, sans aucune faille dans la responsabilité et lorsque la
responsabilité de l'un, dans sa propre situation, est en accord avec la
responsabilité de l'autre, dans sa propre situation.
Le fait est que le Coran n'évoque pas de différence
entre l'homme et la femme quant à l'intégration de la valeur par chacun
d'eux. La valeur est la même dans la conscience de l'un comme dans la
conscience de l'autre. Cela prouve que la question de la conscience en
relation avec les possibilités intellectuelles et spirituelles est la
même chez l'homme et la femme. De plus, nous remarquons, en ce qui
touche les conséquences de la responsabilité que:
"Dieu ne laisse pas sans récompense l'œuvre de
quiconque d'entre vous, qu'il soit mâle ou femelle" et "Donnez cent
coups de fouet à l'homme et à la femme qui commettent l'adultère". Coran,
an-Nour (la Lumière), XXIV 2.
Nous remarquons ainsi que la question de l'humanité
de l'homme et de la femme dans leur conscience de la responsabilité qui
est l'expression vivante de leur égalité est la même. Et il existe des
zones où l'homme se distingue de la femme dans le mouvement de la
réalité et où la femme se distingue de l'homme dans la nature de ses
caractéristiques existentielles. Il existe un texte qui dit au sujet de
la vie conjugale que: "Les hommes sont responsables des femmes", Coran,
"an-Nisa'" (les Femmes), IV, 34.
Et la responsabilité n'est pas ici la question de
distinction en matière administrative. Les hommes sont responsables des
femmes en ce que Dieu a privilégié les uns par rapport aux autres à
travers la nature des possibilités qui donnent à l'homme plus de
capacités à se charger des responsabilités de la vie conjugale du fait
qu'il possède plus de liberté et, peut-être, plus de ténacité propre.
Question: Qui lui a donné cette liberté?
Réponse: je vais continuer. … Et à travers le fait de
se charger des responsabilités de la vie conjugale pour ce qui est des
dépenses. Dans ce domaine, on peut se poser la question de savoir qui a
donné cette liberté à l'homme? Nous disons, pour répondre, que la nature
de la liberté est fondée sur le rôle naturel propre à l'homme. Pourquoi?
En entrant dans la vie conjugale, nous trouvons la paternité qui, dans
son sens naturel, ne coûte rien à l'homme et ne l'occupe point. Quant à
la maternité de la femme, elle entrave sa liberté car elle change le
cours de sa vie physique à travers les conséquences négatives de la
grossesse. D'autre part, la nature de la maternité, dans son sens en
tant que telle et abstraction faite de tout ce qui peut servir comme
remplacement de la maternité, implique l'allaitement et les soins
nécessaires à l'enfant qui prennent beaucoup du temps de la femme et la
privent d'une grande part de sa liberté. Tout ce rôle maternel de la
femme la prive donc de sa liberté naturelle, alors que l'homme ne perd
rien avec son rôle paternel.
(…) Je pense que la civilisation moderne qui a ouvert
devant la femme les portes de la vie qu'elle a ouvertes devant l'homme
n'a pas pu résoudre la problème de la famille. Elle a plutôt supprimé la
famille. Pour cette raison, et lorsque nous nous mettons à réfléchir au
sujet de ces questions, nous ne devons pas nous laisser absorber par le
"drame" de la femme et la considérer comme une victime de la situation
que lui imposent les affaires du foyer. Nous avons privé la femme de sa
vie familiale et du mouvement de la maternité dans son sens proprement
humain, et ce dans la mesure où elle est devenue une mère qui produit
l'enfant qui n'est plus le sien mais celui de la crèche...
En donnant à la femme la liberté de ne pas travailler
à la maison contre son gré et en lui octroyant le droit de toucher le
prix du lait qu'elle donne à son propre enfant, l'Islam veut que la
femme agisse au service de sa maison et de son mari à travers son
entière liberté. Et puis, comment prétendre que le travail de la maison
est contraire à l'humanité de la femme? C'est un travail comme les
autres. Et nous pensons que le rôle de la femme en tant qu'épouse et
mère n'annule pas son rôle créateur. Elle peut, dans l'accord avec son
mari, et à l'écart de la mentalité bédouine, participer à la création
dans maints domaines sociaux et politiques etc...
Question: comment cela lui serait possible
alors que la promiscuité lui est interdite comme vous le dites dans
votre livre?
Réponse: il y a une différence entre la
promiscuité qui nuit à la moralité de la femme et celle liée aux règles
sociales qui empêchent la femme et l'homme de sombrer dans la déviation.
Question: pourquoi vous fixez, à priori, les
conséquences de la promiscuité?
Réponse: il n'en est pas ainsi. La question
est fondée sur les expériences sociales. Car la question de la
masculinité vit dans la mentalité de l'homme et détermine son attitude
envers la femme. De son côté, la femme tend, du fait de sa féminité, à
attirer l'homme, sinon comment expliquer la tendance qu'a la femme à
montrer sa beauté, ou à se parer. Il ne s'agit pas d'une simple question
historique en rapport avec l'éducation de la femme. C'est plutôt une
question sexuelle que la femme essaye d'exprimer de cette manière qui
l'ouvre à la sexualité de l'homme à travers la préparation des
atmosphères dans le but de l'attirer. Toute la littérature de l'histoire
humaine en est le témoin. Tous les sentiments exprimés par les écrivains
ou par les gens, au sujet de la femme et de l'homme ne disent autre
chose que le sexe que nous maquillons avec des mots comme l'amour et
l'affectivité. En planifiant pour la construction de la réalité, l'Islam
part de la réalité elle-même. Et en voulant que la vie sexuelle soit
soumise à des règles bien déterminées, à partir de ses visions morales,
l'Islam a essayé de réconcilier la ligne morale et l'application
pratique.
Pensons-nous, à propos de la question morale, que la
sexualité est sans rapport à l'éthique? La sexualité est-elle l'un des
besoins quelconques de l'homme comme la nourriture et la boisson et qui
ne doit être frappée d'aucun tabou? Ou bien la sexualité est un besoin
qui doit être soumis à des règles morales bien déterminées et
nécessaires pour que la société puisse vivre la paix et l'équilibre dans
ses affaires particulières et générales?
En disant que la sexualité est un besoin personnel et
que chaque individu a l'entière liberté de l'exercer sans tabous, les
questions de l'interdiction de la promiscuité et de l'adultère
deviennent insignifiantes. Mais en fixant des règles morales, la
question prend une dimension différente et alors, il est naturel que la
législation se mette au service de ces règles.
L'Islam a essayé de fixer des règles pour la relation
entre l'homme et la femme qui l'empêcheraient d'être prisonnière de la
mentalité masculine de l'homme qui peut bouleverser les dispositions
psychiques et pratiques de la femme. En même temps, l'Islam a voulu que
la promiscuité ait lieu dans le cadre de règles bien déterminées qui
permettraient à la femme de vivre son humanité, sous son aspect pratique,
sans porter atteinte à sa moralité, sous son aspect comportemental.
La différence entre l'Islam et les autres courants
est que l'Islam considère la question de l'homme sous la totalité de ses
aspects, alors que les autres courants cherchent à s'attacher à une
seule dimension de l'homme. On s'attarde trop devant la dimension
relative à liberté de la femme sans prêter attention à la question de la
famille. Il en est de même pour ce qui est de la liberté de l'homme dans
ce domaine. Nous pensons, à ce propos, que l'homme n'est pas une
créature unidimensionnelle.
Question: peut-on comprendre ici que la
liberté est en contradiction avec les fondements sociaux?
Réponse: il n'en est pas ainsi. Nous disons
que nous avons besoin d'un certain genre de règles sociales. Pour cette
raison, nous devons, lorsque nous voulons agir avec liberté, la faire
dans l'équilibre de l'individuel et du collectif. Le problème qu'on
discute maintenant est l'individualisme où beaucoup de personnes se
laissent perdre en imaginant qu'il s'agit de l'individu qu'il faut
sauver d'une situation dramatique. Nous devons penser au drame de
l'individu et de la société. Que perd la société lorsque la femme
travaille et qu'est ce qu'elle gagne? Que perd la femme sous les
pressions que lui impose la société et qu'est ce qu'elle gagne? Nous
posons ces questions car nous savons que la question de la liberté telle
qu'elle est pensée par certains poètes ne peut jamais exister dans la
réalité de ce poète au cas où il vit sa liberté. C'est qu'il la vit à
travers son existence propre. Mais dès qu'il se trouve en confrontation
avec l'autre, il lui impose beaucoup d'entraves sans lesquelles il ne
pourrait jamais exercer sa propre liberté.
Question: vous avez dit dans votre livre que
l'homme a le droit de frapper sa femme seulement si elle refuse le
commerce sexuel avec lui. J'ai trouvé cela révoltant…
Réponse: lorsqu'un homme se marie, il est
normal que son mariage joue, pour lui, le rôle de protecteur contre les
relations illégales et contre la satisfaction de son désir dans un autre
domaine… Que faire alors si sa femme se révolte, non pas pour une raison
légale, mais seulement parce qu'elle n'en veut pas? Au cas où l'homme
est calme et tranquille, il est préférable qu'il soit tolérant avec sa
femme. Mais que pourrait-il faire, au cas où il a un besoin pressant de
se satisfaire sexuellement au point que cela pourrait le conduire à la
déviation et à la recherche d'un autre moyen de satisfaction? Doit-il,
par exemple, déposer une plainte auprès de la justice? Oui, ça fait rire!
La solution donnée, à cette question, par le Coran
est que l'homme essaye de parler à sa femme de sorte à la convaincre.
Mais si elle se révolte, la réponse est "Abandonnez leurs lits",
c'est-à-dire, ayez recours à la correction… Si cela ne résout pas le
problème il est possible de la frapper légèrement, sans la faire saigner
et sans "lui briser un os". Cela veut dire que lorsque les choses
arrivent à ce niveau de blocage qui immobilise la vie conjugale, l'homme
peut exercer de légères pressions sur sa femme. On peut se demander
pourquoi l'homme peut user de ce droit. La réponse est que cela est
établi par le contrat de mariage et c'est pour cette raison que l'Islam
ne donne à l'homme aucun droit, auprès de sa femme, en dehors de ce
droit sexuel.
Question: ce que vous venez de dire
signifie-t-il que le contrat de mariage est essentiellement fondé sur le
côté sexuel?
Réponse: il y a une différence entre le droit
qu'on a à la sexualité et réduire toute la question à la sexualité. Le
Coran présente le mariage en tant que relation humaine. Mais l'Islam
n'est pas idéaliste pour parler des relations humaines sans prendre les
désirs en considération. Nous ne nions pas que la sexualité a une place
fondamentale dans la relation conjugale.
Question: et la femme a-t-elle un droit sexuel
auprès de l'homme?
Réponse: elle en a le droit dans la mesure où
l'Islam distingue la question de l'excitabilité réelle de la femme (qui
est une question complexe) et celle de l'excitabilité de l'homme. La
femme a un droit sexuel auprès de l'homme, mais il n'est pas égal à
celui de l'homme auprès d'elle et cela s'explique par l'excitabilité
différente des deux parties.
Le quotidien libanais as-Safir
25/12/1992
LA LIBÉRATION DE LA FEMME-ÊTRE HUMAIN; L'ISLAM VEUT
QU'ELLE SOIT NOBLE
Comme les interrogations ne manquent pas au sujet de
l'attitude de l'Islam vis-à-vis de la femme, le savant as-Sayyid
Muhammad Hussein Fadlullah a publié son livre "Regards islamiques sur la
femme" qui comprend un ensemble diversifié de discours en liaison avec
la réalité féminine et qui sont donnés d'un point de vue jurisprudentiel
dont l'auteur cherche à ce qu'il soit Franc. Dans ce livre, le Savant
paraît révolutionnaire, libérateur, révolté contre l'application tordue
des traditions et opposé au ritualisme religieux. Il revendique le
retour à la dimension islamique humaine loin des nombreuses opinions qui
ont porté atteinte à la cause.
Le savant Fadlullah pose sa question la plus générale:
"Le moyen de découvrir la personnalité de la femme,
sa raison et sa foi est-il représenté par les textes religieux ou par
l'étude des éléments propres de la personnalité de la femme à travers le
mouvement de son existence dans la réalité vivante?"
Interrogation charnière dans le problème que l'auteur
se propose de confronter car l'approche contemplative de la réalité
humaine de la femme est normalement parallèle à celle de la réalité
humaine de l'homme. Dans cette visée, l'auteur se penche sur la nature
des conditions influentes, y compris les textes, et à certains indices
qui empêchent de comprendre le texte dans son sens apparent pour lui
donner un sens nouveau. Parfois, l'auteur signale des failles dans des
Traditions Prophétiques qui contredisent les fondements immuables de la
doctrine.
Là, une question se pose: les fondements de la
doctrine sont-ils immuables et insensibles aux changements?
L'auteur dit, quelque part dans son livre, que "l'Islam
porte en lui toutes les charges qui font de lui un mouvement historique,
c'est-à-dire un mouvement de création et un mouvement de pénétration au
point que les choses arrivent à se poser en problèmes de pensée. (…)
L'Islam n'est pas simplement une doctrine suprasensible et il n'est pas
non plus un simple phénomène de dévotion". En d'autres termes, le mot "mouvement"
signifie l'aptitude au changement, c'est-à-dire, à l'abandon de l'état
figé. Dire que l'Islam n'est pas "un simple phénomène de dévotion" c'est
dire que l'Islam avance, avec le mouvement de la vie, dans toutes ses
confrontations et tous ses conflits, sans que le besoin ne s'impose d'y
transplanter de nouveaux organes ou de nouvelles idées. Je pense que le
savant as-Sayyid Muhammad Hussein Fadlullah ne nie pas les idées
évolutionnistes même s'il est opposé à l'interprétation des textes
coraniques et à la méthode syncrétique qui essaye de réconcilier la
théorie législative islamique et les progrès de la science dans le
mouvement de la réalité. Cela veut dire que l'auteur ne fait pas sienne
l'idée de la modernisation de l'Islam par sa soumission aux péripéties
des changements passagers.
Il est vrai que l'Islam ne méconnaît pas les vérités,
mais les affirme et se conforme à elles. L'auteur lui-même dit: "je
pense que les masses islamiques ne s'éloignent pas des lumières
islamiques dynamiques et ouvertes du fait qu'elles revivent annuellement
l'état de refus à travers la commémoration de 'Achoura" (l'anniversaire
de l'assassinat de l'Imam al-Hussein (p)). Leur engagement sur la voie
des Imams appartenant à la Famille du Prophète (P), ouverte à la voie de
l'Islam, les met en état de dynamisme permanent dans la direction de la
liberté et de la justice".
L'auteur qui cherche à sortir de la sphère des
instincts établit une situation d'équilibre entre l'homme et la femme.
Le verset 33 de la sourate "an-Nisa'" (les Femmes) dit:
"Les hommes sont responsables des femmes en vertu de
la préférence que Dieu leur a accordée sur elles, et à cause des
dépenses qu'ils font pour assurer leur entretien. Les femmes vertueuses
sont pieuses; elles préservent dans le secret ce que Dieu préserve.
Avertissez celles dont vous craignez l'infidélité; abandonnez leurs lis
et frappez-les. Mais ne soyez pas injustes avec elles si elles vous
obéissent. Dieu est élevé et grand", Coran, "an-Nisa'" (les Femmes) IV,
34.
Pourtant le grand Savant arrive à l'"ijtihad"
(opinion nouvelle obtenue par l'effort de réflexion sur les textes)
suivant: "Si l'élément féminin se caractérise par une certaine faiblesse
dans la personnalité de la femme, du fait de sa dimension affective qui
est plus évidente au niveau de ses sentiments, ou du fait de sa
faiblesse physique qui ne lui permet pas de porter de lourdes charges,
comme c'est le cas de l'homme, il n'y a rien qui puisse empêcher de
transformer cette faiblesse en force par l'éducation de la pensée par la
connaissance, par le renforcement de la raison par la pratique et par
l'affaiblissement de l'affectivité par la conscience qui fait face aux
événements d'une manière objective à travers une méthode éducative
équilibrée".
Le savant trouve que l'Islam n'a interdit la
promiscuité des hommes et des femmes et n'a fait de cette interdiction
une obligation que dans la sphère qui conduit à la déviation morale. Il
insiste sur la grande valeur de la maternité dans un magnifique
processus d'intégration humaine. D'où, le savant Muhammad Hussein
Fadlullah refuse de considérer la femme comme si elle était un être
sexuel qui s'ouvre à la vie comme si elle n'était rien d'autre que ce
rapport sexuel dans sa nature instinctive et ses conséquences
procréatrices… Il refuse de cloîtrer la femme à l'intérieur de cet
ellipsoïde suspendu. Il conclut, dans ce sens que "la pensée islamique
considère l'humanité de l'homme et de la femme sous un seul et même
angle, que ce soit au niveau de la constitution ou au niveau de la
responsabilité. Elle les invite ensemble à construire le mouvement de la
civilisation islamique dans la vie des gens. Elle les considère
ensemble, et au même degré, comme responsables de la déviation et de la
droiture. Elle leur distribue les rôles et les tâches sur la base du
processus d'intégration humaine où chaque partie, le mâle et la femelle,
donnent à l'autre une partie de ses caractéristiques propres dans la
voie de l'unité des caractéristiques humaines, au niveau des
conséquences dans l'intégration des rôles et des responsabilités".
LE SLOGAN DE LA LIBÉRATION DE LA FEMME
Le savant as-Sayyid Muhammad Hussein Fadlullah
signale que le slogan de la libération de la femme est issu de la
mauvaise réalité vécue et des déformations des traditions qui oppriment
la femme: "Comme si elle était l'un des objets de l'homme faits pour sa
jouissance".
Le savant dit, dans l'une de ses importantes
conclusions: "Ainsi la question s'étend, dans cette législation sociale,
pour voir dans le voile un point de départ d'un processus visant à
l'éloigner de tous les milieux de l'action matérielle, de l'activité
sociale, de l'attitude politique et de la culture générale car le voile,
disent-ils, englobe le sens intérieur et le contenu dynamique de la
personnalité comme il englobe l'aspect relatif au fait de couvrir le
corps". Ici, le Savant reprend le concept du changement impliquant le
mouvement de la liberté de l'homme pour faire de la libération de la
femme une partie intégrante de la libération de l'homme, pour que la
femme redevienne un être humain porteur d'un message et une créature
multidimensionnelle qui donne un apport nouveau à la vie. Le Savant
passe en revue les avis de ceux qui s'opposent à la liberté de la femme
telle qu'elle se présente en Occident où elle est devenue un produit de
consommation instinctive qui donne à la femme une simple illusion de
liberté et l'écarte de sa dimension maternelle ce qui l'expose aux
complexes psychiques. Le Savant en conclut: "Mais l'affaire n'est pas
aussi sombre: face au rôle de la maternité chez la femme, il y a le rôle
de la paternité chez l'homme. Si le rôle de la paternité ne supprime pas
les autres rôles de l'homme dans le mouvement de la vie, à travers la
grande dimension humaine de sa personnalité, comment donc serait-il
nécessaire que le rôle de la maternité arrive à supprimer les autres
rôles de la femme et qui sont relatifs à son humanité?". Le Livre de
Dieu (sourate Al-'Imran), verset 44 dit:
"Et lorsque les Anges dirent: 'Ô Marie, Dieu
t'annonce la bonne nouvelle d'un verbe émanant de Lui. Son nom est le
Messie, Jésus, Fils de Marie. Illustre en ce monde et dans la vie
future. Il est parmi ceux qui sont proches de Dieu". Coran, "Al-'Imran"
(la Famille d'Imran), III, 43.
Ici, le Savant pense qu'il est nécessaire de fixer
des règles scientifiques susceptibles de transformer la liberté en un
mouvement réel allant dans le sens de l'intérêt supérieur de l'homme au
niveau de l'individu et de la collectivité. Et sans entrer dans les
détails, il est possible de dire que l'humanité s'oriente vers
l'établissement d'un ordre équilibré qui garantit, pour chacun, la
satisfaction de ses besoins, dans le cadre des besoins généraux de la
société. Pour cette raison, le Savant pense que la liberté a des limites
morales et dehors des caprices égoïstes et des chimères flottantes.
L'Islam a institué des règles légales en ce qui
concerne la question sexuelle de l'Homme et de la femme à la fois. Il a
considéré le mariage comme un lieu naturel pour la satisfaction de
l'instinct et a interdit tous les autres moyens de le satisfaire. Le
Savant conclut ici que "la différence entre l'Islam –tel qu'il se
présente dans la société islamique qui doit être construite pour l'homme
et pour la femme- et la déviation telle qu'elle se présente dans la
société capitaliste, est que l'Islam veut promouvoir la femme et l'homme
pour que chacun d'eux vive son humanité comme des êtres humains
indépendants sur les deux plans de l'esprit et du corps. En revanche, la
société capitaliste cherche à transformer la femme en une marchandise de
consommation publicitaire et de vulgarité sexuelle présentée sous la
forme d'excitation. Cela fait d'elle un produit pour la publicité au
lieu d'être un élément humain respectable".
LA FEMME, LA RÉALITÉ ARRIÉRÉE ET LA FÉMINITÉ
Le savant as-Sayyid Muhammad Hussein Fadlullah pense
que l'homme, en tant que tel, et la femme, en tant que telle, ne sont
pas responsables de l'arriération de la réalité. L'homme et la femme
sont plutôt les victimes d'une situation intérieure au niveau de
l'autorité et au niveau des situations nouvelles qui ont compliqué
l'atmosphère en mélangeant ce qui est islamique avec ce qui est issu de
la civilisation occidentale. A ce propos, le Savant conclut: "Les
milieux cultivés, conscients et possédant une mentalité civilisée
doivent se mettre en action pour préparer le terrain de l'éduction
spirituelle et de l'instruction islamique de la femme afin de former une
génération de femmes aptes à tenir des responsabilités culturelles et
d'agir dans le sens d'élever le niveau de conscience des autres femmes".
La maternité n'est pas tout dans la vie de la femme et la paternité
n'est pas tout dans la vie de l'homme. La féminité n'est pas une honte
dans la vie de la femme. Pour ces raisons, l'Islam considère la femme
comme un être humain indépendant du point de vue juridique et considère
son action comme une action missionnaire, car l'humanité de l'être
humain, qu'il soit homme ou femme, peut englober toutes les dimensions
de la vie. L'Islam n'a pas supprimé l'humanité de la femme et n'a pas,
non plus, annulé ses responsabilités. D'où, il est possible d'admettre
le rôle spécifique et distingué de la femme car l'Islam a insisté sur la
féminité de la femme et sur la nécessité de lui accorder la liberté de
sentir sa beauté sans pour autant recourir à des conduites
spectaculaires ou faire des tentatives de provocation passionnelle.
En lançant sa vision morale et sociale, l'Islam
prépare la base préventive pour ne pas permettre à l'affaire de dépasser
les limites de la discipline, du sérieux et des bonnes manières. Les
réserves ne sont pas ici des entraves mais des règles pour contrôler la
réalité des sensations passionnelles humaines. Si l'homme est laissé
sans dissuasion morale, il peut sortir de sa trajectoire raisonnable
exactement comme un satellite qui sort de sa trajectoire et se perd dans
l'espace. En d'autres termes, la nature humaine n'est pas muable. Elle
ne se meut pas d'une manière absolue, mais d'une manière relative en ce
qui concerne la question de la beauté physique. D'où, le Savant Muhammad
Hussein Fadlullah conclut: « La féminité est essentielle dans la
subjectivité de la femme et l'Islam ne veut pas que la femme soit
réprimée. L'Islam considère d'une manière négative la femme masculinisée
ou la femme qui cherche à ressembler aux hommes en matière de
masculinité et non pas en matière de force. L'Islam ne veut pas que la
femme supprime sa féminité, mais il veut qu'elle organise le mouvement
de la féminité dans sa vie ».
Le quotidien libanais an-Nahar 1/ 10/ 1992
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