La femme en Islam
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RELATIONS ET VIE CONJUGALE 

Parmi les aspects négatifs les plus dangereux des relations humaines –y compris la relation conjugale qui est la plus solide de toutes les relations humaines dans la mesure où elle est le lieu à l'intérieur duquel l'homme tout entier s'ouvre à l'homme tout entier, sans qu'il y ait de frontières ou d'entraves qui les séparent l'un de l'autre dans les domaines qui séparent, ordinairement, les gens les uns des autres-… Parmi ces aspects négatifs, on signale la tentative de l'une des deux parties de la relation d'annuler l'autre. L'annuler en considérant que ses propres caractéristiques doivent être celles de l'autre qui n'aura pas, de ce fait, la liberté de se distinguer de lui à travers ses propres caractéristiques à lui qui ont leurs racines humaines qui doivent s'exprimer dans le cadre de la famille ou dans celui de toute autre institution en rapport avec la nature des conditions psychologiques, sociales et économiques qui l'entourent. 

Il est donc nécessaire, pour les deux conjoints, de ne pas considérer la relation conjugale comme un lieu où chacun d'eux cherche à neutraliser l'autre. Il ne faut pas qu'aucun d'entre eux se contrarie du seul fait que l'autre se différencie, se distingue ou se montre indépendant de lui. Tous les deux doivent considérer la relation conjugale comme une relation entre deux personnes: la pluralité doit ainsi constituer la base même du sens de la relation. La pluralité signifie que chacun d'entre eux possède des caractéristiques existentielles humaines qui diffèrent de celles de l'autre et cela tout en se rencontrant au niveau de certaines causes communes, objets de leur accord mutuel. Les deux parties ont des intérêts communs sur le plan de leurs raisons de vivre, dans leurs pratiques et dans les objectifs qu'ils cherchent à atteindre ensemble. De tout cela, nous comprenons que les deux conjoints doivent s'entendre au sujet de leurs particularités afin de s'intégrer au lieu de diverger et de s'écarter l'un de l'autre. Ils doivent trouver le moyen de se rapprocher l'un de l'autre à travers leurs particularités de sorte à ce que celles-ci n'entament pas les points communs. Et il est en tout état de cause nécessaire de respecter ces particularités. 

Parmi les exemples qu'on peut citer à ce propos, on peut prendre n'importe quelle question qui peut susciter des désaccords entre les deux époux. Le mari peut, par exemple, exiger que sa femme s'intègre dans la vie de ses parent à lui, au point de perdre sa liberté, son humanité et ses particularités et de s'éloigner, du même coup, de sa propre famille à elle. La femme peut, de son côté, imposer à son mari, mais à de moindre mesure, des positions semblables, en mettant à son profit les moyens de pression dont elle dispose ne serait-ce qu'en le bouleversant et en lui compliquant la vie. 

Il est nécessaire, à ce propos que le mari comprenne que sa femme est un être humain comme lui; un être humain qui, tout comme lui, possède ses propres racines. Il est difficile d'arracher un être humain à ses racines et de l'obliger à s'intégrer d'une manière complète dans un autre milieu, rien que pour s'incliner devant le désir d'un autre être humain. L'intégration ne peut se faire correctement qu'à travers certains facteurs psychologiques, sentimentaux et vitaux conformes aux conditions de l'être humain, à ses activités et à sa situation dans la société. Il est naturel, pour cette raison, que le mari essaye de rapprocher sa femme du climat de son propre milieu à lui et que la femme cherche, de son côté, à rapprocher son mari du climat de son propre milieu à elle. Ce rapprochement mutuel peut créer une sorte de relation naturelle qui peut, à son tour, aider à exercer plus de pressions dans le sens de gagner plus de terrain. Cela se comprend dans la mesure où la nature de l'intérêt conjugal commun, que les deux parties cherchent à protéger, en exerçant des pressions ici et là, oblige à accepter qu'on soit, en quelque sorte, envahi par l'autre, même si cette invasion nous est toujours répugnante. 

Il est nécessaire que, dans ce climat, chacune des deux parties de la relation refuse les aspects négatifs de la pression exercée par son propre milieu sur l'autre qui est son conjoint. Chacune des deux parties doit essayer de contrôler ces aspects négatifs et de les atténuer afin de ne pas écraser l'autre dans ses sentiments, dans son esprit et dans toutes ses dispositions. Les termes sont particulièrement significatifs à ce propos d'"amour" et de "compassion" considérés par le Noble Coran comme un grand titre de la vie conjugale, comme une introduction à l'effort d'arrangement de cette relation qui lie la femme aux parents de son mari et le mari aux parents de sa femme: l'amour ouvre l'homme aux horizons du respect qu'on doit porter aux sentiments de l'autre et la compassion l'ouvre aux horizons de la reconnaissance des conditions et des circonstances de l'autre. 

On peut, de la sorte, arriver à poser la question des divergences des opinions politiques ou sociales des deux conjoints. Il n'est pas naturel, à ce propos, que la mari impose son opinion politique à sa femme du seul fait qu'il est le mari, ou parce que la vie conjugale exigerait leur accord sur le plan politique, accord au non duquel la femme devrait obéir à l'homme dans ce domaine. Il n'est pas non plus naturel que la femme impose ses vues à son mari au nom de l'amour et de la fidélité qui feraient défaut dans le cas où il refuserait de s'y incliner. Ce genre de conceptions sont complètement fausses et inhumaines car nous savons que l'engagement à une opinion ou dans une attitude politique ou sociale donnée se fonde normalement sur des convictions et se fait à partir de conditions bien déterminées. 

Il est donc naturel que nous n’imposions pas nos convictions aux autres, dans le cas où nous n'arrivons pas à les convaincre d'accepter nos convictions. Il n'est pas normal que nous imposions nos conditions aux autres, dans le cas où nous n'arrivons pas à rapprocher leurs conditions des nôtres. Il est donc nécessaire de trouver, dans ce domaine, une sorte de dialogue ou une sorte d'arrangement qui sauvegarderait la vie conjugale et permettrait la cohabitation avec l'opinion différente. Il est toujours possible d'agir à partir des dénominateurs communs des deux opinions ou des deux attitudes et ce pour arriver à des solutions aux questions disputées, à condition que cela se fasse au moyen du dialogue et dans la compréhension mutuelle…

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