LA FEMME ENTRE DEUX RÔLES:
CELUI DE LA MUSULMANE ET CELUI DE L'ÉPOUSE
Lorsque la femme vit dans la maison conjugale, en épouse
et en mère, il lui est naturel de se considérer comme ayant deux
personnalités dont chacune la met devant une responsabilité
correspondante.
La première personnalité est celle de l'épouse qui
cherche à acquérir l'amour de son mari et de la mère qui cherche à
gagner l'amour de ses enfants qu'elle doit soigner et auxquels elle doit
assurer tout ce qui satisfait leurs désirs afin de les aider à s'élancer
sur la voie du succès, à partir de la tranquillité de l'ambiance
familiale. Celle-ci leur est nécessaire dans la mesure où elle leur
assure tout ce dont l'homme a besoin en matière de saine relation
familiale qui lui permet de comprendre les sentiments et les désirs de
l'autre, ce qui aide à transformer la relation en une profonde
communication spirituelle qui unit les gens dans leurs vies et dans
leurs dispositions générales.
La seconde personnalité est celle de la femme musulmane
qui cherche à faire d'elle-même, sur les plans de la pensée, de
l'activité et de l'engagement, une personne qui agit dans le but
d'obtenir la satisfaction de Dieu –qu'Il soit glorifié et exalté–
beaucoup plus qu'elle ne le fait pour satisfaire les gens de son
entourage.
Cette seconde personnalité pousse donc la femme à agir
en tant que personne musulmane qui cherche à obtenir la satisfaction de
Dieu et cela à travers le respect de ses responsabilités légales
d'épouse, envers son mari, et de mère, envers ses enfants. Ce respect
des responsabilités est nécessaire pour qu'elle ne néglige pas le droit
du mari, ou celui des enfants, sous la pression d'un caprice ou d'un
complexe. Elle prouve ainsi aux autres que la personne musulmane est
elle qui remplit ses obligations envers les autres sans faire attention
si les autres font ou ne font pas leurs devoirs envers elle. La femme
musulmane n'attend pas que son mari fasse son devoir envers elle pour
faire son devoir envers lui. Elle n'attend pas que ses enfants
commencent par respecter ses droits pour qu'elle respecte les leurs à
son tour. La femme musulmane prend l'initiative et fait son devoir
envers ses enfants dans le seul but de se rapprocher de Dieu –qu'Il soit
glorifié et exalté. Elle se sent motivée, en le faisant, par le seul
désir d'obéir à Dieu dans ce domaine. De la sorte, la femme vit sa
personnalité d'épouse musulmane et de mère musulmane à travers son
action sur le plan de l'appel à la cause de Dieu, sur celui de la
recommandation du bien et de l'interdiction du mal et sur celui de la
pratique concrète qui lui permet de faire de son milieu conjugal, ou
familial, un foyer islamique qui fonctionne dans la conformité aux
exigences de l'Islam. Sur cette base, la femme qui doit vivre ces deux
personnalités, d'épouse et de mère, d'une part et de femme musulmane,
d'autre part, ne peut qu'organiser son mouvement spirituel et son
mouvement pratique dans le sens de l'harmonie et de l'équilibre. Elle ne
doit donc pas atténuer sa personnalité de musulmane pour le compte de sa
personnalité d'épouse ou de mère. En d'autres termes, elle ne peut pas
se détourner de l'obéissance à Dieu pour satisfaire à son mari et à ses
enfants. Elle doit agir tout en considérant que sa personnalité de
musulmane est principale, alors que ses autres personnalités, en tant
que membre d'une micro ou d'une macro-société, sont des personnalités
subordonnées à la personnalité islamique.
C'est sur la base de ces considérations qu'elle doit
agir. Si par exemple, la femme musulmane se trouve face à un mari qui ne
fait pas le jeûne du mois de Ramadan, ou face à des enfants qui ne font
pas ce jeûne, elle doit s'efforcer, dans la mesure du possible, de leur
faire comprendre qu'elle n'est pas contente de leur attitude, surtout
s'ils se détournent du jeûne sans justification valable. Son
mécontentement doit se traduire dans les expressions de son visage, dans
ses manières d'agir dans la maison et, même parfois, dans le refus de
préparer les repas ou dans l'effort de déranger les personnes en rupture
de jeûne dans tout ce qui les aide à persévérer dans leur attitude. Cela
peut les pousser à ne pas se sentir à l'aise en continuant à ne pas
respecter le jeûne, dans le cas où le recours à la pression s'avère être
assez efficace pour conduire à un résultat positif du point de vue
pratique. Mais si les choses demandent le recours à d'autres moyens où
l'ouverture et la compréhension se mêlent à la rigueur nécessaire pour
que la femme conduise les membres de sa famille à se repentir, d'une
manière affective, ou de toute autre manière pratique, elle doit avoir
recours à ces moyens. L'important c'est que sa mission, dans son milieu
familial réduit, soit celle de la personne musulmane qui étudie les
meilleurs moyens et utilise les meilleurs mots et les méthodes les plus
fines ou les plus sages pour arriver à dissuader les membres de sa
famille et les convaincre de suivre la bonne voie. Mais si son refus de
préparer les repas, ou si sa rigueur risquent de lui causer des gênes,
dans le sens où cela peut conduire la relation conjugale à telle ou
telle sorte de rupture, ou à tel bouleversement avec lequel elle risque
d'être maltraitée par son mari ou par ses enfants, ou si les
inconvénients de son attitude négative sont plus sensibles que ses
avantages, il lui sera naturel, du point de vue légal, de profiter de la
tolérance de la Loi et de les servir. Mais elle doit le faire de telle
sorte à ce qu'ils sentent qu'elle ne le fait pas de bon cœur, dans la
mesure où elle rend des services à des personnes qui, tout en étant, les
plus proches par rapport à elle, font partie, en même temps des
personnes les plus éloignées de Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié.
Elle doit leur faire comprendre que, pour une personne, être proche de
Dieu est la condition d'être proche des âmes des autres personnes. |