>La personnalité de la femme et son rôle actif dans la vie
L'APPROCHE CORANIQUE N'ADOPTE PAS LA MÉTHODE
SYNCRÉTIQUE
Nous devons, avant de commencer l'étude directe de
cette question, souligner un point important: il ne s'agit pas ici d'un
travail d'interprétation ayant pour but de donner aux textes du Coran ou
de la Sunna un sens conforme à telle ou telle tendance théorique dans
l'étude de la réalité, pour pouvoir ainsi accommoder l'expérience
humaine au contenu du texte, en réponse aux exigences de certaines
théories fondées sur la méthode qui réconcilie la théorie législative
islamique et l'évolution de la science dans le mouvement de la réalité.
Nous n'adoptons donc pas cette méthode syncrétique qui part du désir de
moderniser l'Islam en le pliant devant les changements conjoncturels et
cela dans les conditions de la domination du mouvement de l'homme des
temps modernes, par une pensée ou une puissance bien déterminée, sans
prendre en considération les vérités de la vie dans leur originalité
réelle.
La question est, pour nous, de partir des vérités de
l'Islam telles qu'elles sont présentes dans les textes péremptoires du
Coran et de la Sunna et de prouver leur validité sur le plan du réel en
nous basant sur la clarté du sens apparent des textes. C'est cette
clarté qui prouve, pour nous, la justesse des convictions islamiques que
ce soit au niveau de la pensée ou au niveau de l'application de la Loi.
Et si nous observons et étudions la vie réelle, dans ses éléments les
plus originaux, c'est parce que nous sommes convaincus que l'Islam ne se
détourne pas des vérités mais, au contrarie, les affirme et agit, dans
sa législation, dans le sens de l'accorde avec elles. C'est cela qui
nous incite à réexaminer les textes dont le sens apparent contredit ces
vérités, pour découvrir les éléments non immédiats dont la saisie
pourrait aider à les comprendre d'une manière différente. De tels
éléments peuvent être des indices intérieurs signalant la présence d'un
sens contraire au sens apparent, et c'est justement cette question même
que nous voulons poser pour la mise en évidence de la vraie conception
islamique de la femme, considérée à travers son entière humanité, sur le
plan de sa responsabilité devant Dieu.
LA FEMME CROYANTE, L'IDÉAL DE LA PUISSANCE HUMAINE
Nous savons que la considération de la femme croyante
et puissante comme idéal pour les hommes croyants et les femmes
croyantes à la fois indique clairement que le Coran reconnaît la
possibilité, pour la femme, d'avoir la force suffisante pour se mettre à
l'abri de tout ce qui peut conduire vers la chute et pour se révolter
contre tout ce qui incite à accepter la faiblesse… Cela prouve que la
femme, qui atteint le niveau idéal, peut être l'idéal de l'homme tout
comme elle peut l'être pour la femme. L'appartenance commune à l'espèce
humaine lui permet d'être une source de générosité humaine et morale, de
sorte que les différences de sexe disparaissent pour céder la place à
l'unité de la raison, de la volonté, du mouvement et des positions et
attitudes.
Si l'on jette un coup d'œil sur certains exemples
coraniques ou sur certaines personnalités historiques islamiques
représentatives de grands rôles héroïques joués par des femmes, nous
trouvons, dans une telle lecture de l'histoire, des femmes qui ont
concrétisé la supériorité à travers ce qu'elles possédaient comme
capacités et dons, et à travers les attitudes et les positions qu'elles
adoptaient prouvant qu'elles pouvaient surmonter leurs faiblesses et les
transformer en force pour atteindre un haut niveau de supériorité.
Nous trouvons qu'à l'époque moderne et, de nos jours
en particulier, que l'expérience humaine connaît, dans les différents
domaines de la science et de la culture aussi bien que dans ceux du
mouvement politique et social, beaucoup de femmes qui ont pu s'affirmer
et affirmer leurs expériences de pionnières. Celles-ci expriment la
puissance humaine et montrent que la femme est à même de défier, de
résister et d'inventer dans tous les domaines publics et privés, ce qui
suggère l'existence d'une sorte d'équilibre des capacités humaines dans
les conditions communes à l'homme et à la femme.
Il s'agit là d'une représentation de la réalité
vivante vécue par chacun de l'homme et de la femme, dans la réalité
humaine. Elle prouve que la différence biologique, au niveau de la
nature humaine, n'a pas empêché l'unité et la communauté au niveau de la
puissance intellectuelle, de la volonté ferme et de la souplesse
pratique des hommes et des femmes lorsque les conditions sont réunies
pour donner naissance à la force, à l'équilibre et à l'invention.
Quel est donc le point de vue de l'Islam à ce sujet?
Y a-t-il, en Islam, une attitude négative qui fait de la femme un être
humain inférieur à l'homme du point de vue de sa raison, de sa foi et de
son mouvement dans la vie? Et cette attitude qui peut caractériser la
mentalité populaire ainsi que celle de certains savants et penseurs
musulmans coïncide-t-elle avec l'attitude coranique ou bien la
conformité de la première à la seconde n'est-elle pas assez stricte?
C'est ce que nous allons discuter dans ce qui suit.
LE CORAN AFFIRME-T-IL LA DISTINCTION DE L'HOMME ET
DE LA FEMME?
La question qui se pose maintenant est: y a-t-il dans
le Coran quelque chose qui contredit la considération des facteurs
communs dans la personnalité de la femme et de l'homme, du point de vue
des éléments constitutifs de la personnalité humaine vue dans son
originalité?
La réponse touche à plusieurs aspects ou points de la
question:
Le premier point est en rapport avec les différentes
législations qui laissent entendre que la femme est la "moitié de
l'homme", ce qui est déduit du texte coranique concernant l'"héritage":
"Dieu vous recommande, quant à vos enfants, de donner
au mâle une part égale à la part de deux femelles…",
Coran, "an-Nisa'" (les Femmes), IV 11.
La même considération est déduite du texte coranique
concernant le "témoignage":
"… Si vous ne trouvez pas deux hommes, prenez en un
homme et deux femmes parmi les témoins qui vous satisfont; si l'une
d'elles s'égare, l'autre la ramènera à, se rappeler…"
Coran, "al-Baqara" (La Vache), II, 282.
On peut donc rencontrer dans certains textes
religieux des explications qui interprètent le premier verset dans le
sens que la femme a, dans la succession, une partie inférieure à celle
de l'homme et le second dans le sens qu'elle a une intelligence
inférieure. Dans ce même ordre de choses, on peut rencontrer des
assertions qui stipulent l'infériorité, au niveau des femmes, de leur
foi et ce en raison du fait qu'il leur est interdit par la Loi
d'observer la prière et le jeûne pendant leurs menstruations…
Le deuxième point est en rapport avec l'autorité que
les hommes ont sur les femmes et qui peut laisser entendre que le niveau
des premiers est supérieur à celui des secondes. Cette question est
posée par le verset qui dit:
(Les hommes ont autorité sur les femmes en raison du
fait que Dieu a rendu les uns meilleurs que les autres et à cause des
dépenses qu'ils font de leurs biens).
Coran, "an-Nisa'" (les Femmes), IV 34.
On trouve une autre déclaration allant dans le même
sens dans le verset qui dit:
(… Elles ont, d'après ce qui est connu, des droits
équivalents à leurs obligations. Pourtant, les hommes ont la supériorité
d'un degré par rapport à elles".
Coran, "al-Baqara" (la Vache), II 228.
Il y a donc ceux qui sont meilleurs que les autres,
ce qui fait supposer que le rang de l'homme est supérieur, par rapport à
celui de la femme.
Le troisième point est en rapport avec le verset qui
dit:
(… Ou bien celle qui grandit au milieu des parures et
qui n'est pas convaincante lors des disputes",
Coran, "az-Zuhkruf" (l'Ornement), XLIII 18.
Cela peut laisser penser que le Coran considère la
femme comme un ornement placé au milieu des parures et destiné à
satisfaire le désir de l'homme tout en traînant dans les chaînes d'une
faiblesse latente dans sa personnalité, ce qui l'empêche d'entrer avec
force sur la scène de la lutte dans la vie.
LA LÉGISLATION PREND LA PARTICULARITÉ EN
CONSIDÉRATION
Nous pouvons faire, au sujet de ces points, les
remarques suivantes:
1- Pour ce qui est du premier point, les trois
qualifications législatives exprimées par les trois versets n'indiquent
pas l'infériorité de la femme quant à son humanité. Elles ne concernent
que la nature du mouvement de la distribution de la fortune, en fonction
des responsabilités des héritiers dans la législation islamique touchant
au statut économique de l'homme qui lui donne la responsabilité
d'assurer les dépenses du foyer aussi bien que de payer la dot. Le fait
que la femme n'ait aucune responsabilité dans ce domaine implique
l'existence d'une sorte d'équilibre s'établissant au niveau de la partie
attribuée à l'homme lors du partage des successions. Dans ce genre de
partage, il se peut que les parts des enfants soient supérieures à
celles de leurs pères, ce qui ne veut nullement dire que les premiers
ont, dans la législation, une valeur humaine supérieure à celle des
seconds.
Quant au "témoignage" que l'on rend devant les
tribunaux, le verset avance comme cause, la question de prendre des
précautions préventives pour assurer la justice. Le penchant affectif
qui peut avoir, chez la femme, une plus grande puissance que chez
l'homme, peut la conduire à s'écarter de la vérité, lors du témoignage
rendu devant les juges. L'Islam veut qu'il y ait consultation et rappel
des souvenirs de l'une et de l'autre de chacune des deux femmes rendant
un témoignage, pour que la vérité soit établie dans le cadre de
l'équilibre dans la connaissance de la question. On peut même dire que
le fait qu'une femme aide une autre femme à se rappeler implique que
l'autre femme est capable de la réflexion et de la concentration
nécessaires pour rendre témoignage, ce qui fait que l'élément féminin
n'est pas négatif d'une manière absolue, mais il est plutôt positif dans
la mesure où il est capable de prouver la véracité du vrai, comme c'est
le cas dans la réunion du témoignage rendu par un homme au témoignage
rendu par un autre homme pour assurer la validité de la preuve qui ne
peut s'établir que par les témoignages de deux hommes reconnus justes.
Il est clair que cette réunion ne veut nullement dire qu'un seul homme
est imparfait du point de vue de sa nature mentale ou humaine, du fait
que son témoignage, à lui seul, n'est pas suffisant.
A la lumière de ces faits, on ne peut pas considérer
que les traditions qu'on tient de l'Imam 'Ali et qui figurent dans le
recueil de ses paroles. "Nahj al-Balâgha" (la Méthode de l'Éloquence)4
affirmant que le manque d'humanité de la femme, parallèle au manque de
sa part dans la succession, de sa raison et de sa foi…, on ne peut pas
considérer que ces traditions sont le fruit d'une réflexion assez
profonde au sujet de la femme… Ces traditions peuvent être influencées
par certaines circonstances et atmosphère particulières qui imposent une
certaine forme d'expression riche en allusions. Elles peuvent porter
aussi les marques d'une réalité caractérisée par une longue histoire
d'ignorance et d'arriération imposées à la femme, dans le cadre de ses
rapports avec l'homme, et représentées dans les méthodes de son éduction
et de sa préparation à la vie sociale. Cela a pu soumettre son mouvement
dans la réalité à la nature de la méthode et des procédés pédagogiques
dont l'application a conduit à des résultats négatifs au niveau de la
personnalité de la femme et de son ouverture face aux affaires et
problèmes de la vie, sans que cela ne soit l'expression d'un manque au
niveau de l'essence de sa nature humaine.
Quant à la question relative à son manque de foi,
nous ne pouvons pas imaginer qu'il s'agit d'une expression ordinaire
parmi celles dont le sens réel est celui qu'on saisit de ce qui est
directement donné par la forme littérale ou apparente des vocables. Car
la question est que l'impossibilité, pour la femme, de s'acquitter de
ses obligations religieuses représentées par la prière et le jeûne n'est
occasionnée que par la nécessité de la réconforter par la prise en
compte de son état physique caractérisé par le manque de la pureté
légale indispensable pour l'observation des obligations du culte dans
les conditions d'une spiritualité suffisante. Cette situation est
comparable à celle du raccourcissement de la prière et du jeûne pendant
le voyage pour réconforter le voyageur et répondre positivement au
besoin qu'on a de trouver le calme et la stabilité, normalement
manquants lors des voyages, pour pouvoir accomplir les actes du culte.
Il se peut que certaines femmes croyantes vivent la
spiritualité de l'adoration à travers l'ouverture et l'attachement
fidèle à Dieu même lorsqu'elles se trouvent en état d'indisposition
physique. Elles l'expriment en se mettant à exercer, avec ferveur,
certaines pratiques non canoniques comme l'invocation de Dieu, la
prononciation de Ses louanges et la reconnaissance de Sa grandeur et de
Son unicité au point qu'on aimerait que la Loi lui ait permis de
pratiquer la prière canonique même lorsqu'elle est en état
d'indisposition. On peut même penser que la recommandation voulant que
la femme en menstruation reste sur son tapis de prière, au moment de
l'exercice de cette dernière, n'implique pas le manque de foi considérée
comme un état de conscience spirituelle centré, de la part de la
sensibilité, sur le contenu de la croyance, mais il exprime une sorte de
planification du mouvement de l'homme dans l'acte culturel relatif à
l'aspect matériel du culte considéré dans sa dimension corporelle et
selon ses conditions particulières. Cela exige qu'une législation soit
instaurée à l'intention de la femme pour qu'elle reste dans l'atmosphère
du culte où la contemplation et le fait d'évoquer Dieu et de l'invoquer
constituent une compensation de la prière non observée en raison de
l'indisposition. De même, l'existence d'une législation concernant le
rattrapage du jeûne, lorsque la femme retrouve sa pureté légale, prouve
que la question n'est pas celle d'un manque profond et fondamental, mais
une organisation du temps du jeûne en fonction des conditions
subjectives de l'être humain.
Quant au deuxième point, il représente une sorte
d'organisation de la vie conjugale qui charge l'homme des affaires de la
femme à travers sa responsabilité financière en rapport avec les
dépenses du foyer, et à travers certaines caractéristiques subjectives
qui le distinguent en lui conférant une capacité plus grande que celle
de la femme d'affronter la situation quand il s'agit de certaines des
questions privées de la vie conjugale et de certains besoins personnels.
Il n'est donc pas nécessaire qu'il y ait différence au niveau de
l'humanité de la femme considérée par rapport à celle de l'homme et du
point de vue de la raison, de la sagesse, de la clairvoyance et de la
conscience des choses à travers les éléments naturels de la personnalité
dans ses propres possibilités ou capacités.
Si certains pensent que l'autorité ou la
responsabilité dont parle le verset, englobe toutes les affaires en
général, comme le gouvernement et la justice, nous pensons, de notre
côté, que cela n'est pas désigné par le verset dont l'atmosphère
générale donne l'impression qu'il s'agissait plutôt des affaires de la
demeure conjugale. Il en est ainsi en raison de la ramification qui ne
peut pas être considérée comme une simple ramification particulière
d'une affaire générale et universelle. Elle représente, d'une part, et
en raison de l'apparition coutumière, une ramification significative sur
le plan de l'universalité du jugement. Sinon, il serait plus prioritaire
de parler des affaires du gouvernement, de la justice et de la lutte
sacrée (Jihâd) et non pas de la nécessité d'établir l'ordre dans le
foyer. D'autre part, le verset parle de l'autorité relative au rôle que
l'homme joue vis-à-vis de la femme, et ce pour que l'affaire soit, dans
toutes ses particularités sur le plan de l'application, une affaire d'un
homme et d'une femme. Mais ce dernier aspect de la question n'est pas
concerné par l'autorité dans le domaine de la justice et du gouvernement,
car à l'autorité qui leur est relative doivent se soumettre tous les
sujets concernés par la justice et par le gouvernement, mais cela n'est
valable que dans un contexte différent de celui impliqué par le verset
tel qu'il se présente à partir de sa signification littérale.
On peut même ajouter une troisième remarque:
l'autorité dont parle le verset est instituée à partir des deux
questions de la dépense et de la responsabilité qui constituent,
ensemble, le fondement de la qualification. Cela ne veut pas dire que
l'autorité englobe les affaires publiques, car ces affaires n'ont aucun
rapport avec la dépense dans la mesure où la responsabilité représente
le fondement de leur institution comme ayant une valeur législative.
Quant au troisième point, il ne donne pas
l'impression qu'il s'agit d'une faiblesse de nature. Il s'agit plutôt
d'une méthode bien déterminée d'éduction qui peut avoir des conséquences
négatives sur le processus suivi par le développement de la personnalité
chez la femme. Le remplacement d'une telle méthode par une autre peut
donner lieu à des conséquences différentes qui peuvent être positives au
niveau du développement des capacités personnelles dans le mouvement de
l'existence humaine de la femme…
Quoi qu'il en soit, le paragraphe faisant partie du
verset en question n'inspire pas qu'il y ait un élément de faiblesse
humaine dans la personnalité de la femme, même s'il ne suggère pas la
présence d'un élément de nature opposée.
Le verset peut même nous suggérer que la femme est
aussi ouverte que l'homme aux aspects positifs des valeurs spirituelles
et qu'elle possède la même fermeté que l'homme dans la révolte contre
les points faibles de sa personnalité, et ce pour que, devant Dieu, le
pardon et la récompense soient communs au niveau des grandes
rétributions, chose que peut nous suggérer le noble verset coranique
suivant:
"Aux Musulmans et aux Musulmanes; aux Croyants et aux
Croyantes; aux obéissants et aux obéissantes; à ceux et à celles qui
sont sincères; à ceux et à celles qui sont patients; aux soumis et aux
soumises; à ceux et à celles qui observent le jeûne; à ceux et à celles
qui ne commettent pas l'adultère et à ceux et celles qui, souvent,
évoquent Dieu… Dieu a préparé un pardon et une immense récompense".
Coran, "les Factions" (al-Ahzâb), XXXIII 35.
Il s'agit donc d'un discours qui porte sur la société,
sur la sphère étendue qui comprend les hommes et les femmes à la fois,
en ce que l'Islam cherche à atteindre dans le domaine de l'éduction
spirituelle et pratique qui met l'accent sur les positions de la force
considérées comme celles de l'engagement dans la personnalité islamique,
dans l'appartenance à l'Islam et à la foi et dans l'ouverture à ces deux
instances en ce qu'elles représentent comme ouverture et soumission à
Dieu, comme sincérité dans la parole, dans l'attitude, dans l'intention
et comme patience dans les situations difficiles, aux moments de
troubles.
Il s'agit donc d'une soumission avec laquelle l'homme
se voit gagner par un profond sentiment qui, incarné dans les affections
et émotions de son âme, comme dans sa pensée, le met en la présence de
la majesté de Dieu. Il s'agit de la charité qui, sous la forme de
l'aumône (zakât), consiste à donner ses biens, rien que pour satisfaire
Dieu, même quand on est dans le besoin. Il s'agit du jeûne qui révèle la
forte volonté dans le fait de supporter la faim, la soif, la privation
des instincts, le renoncement vis-à-vis des objets interdits pour faire
face à l'irruption de l'instinct sexuel et pour s'adonner à l'évocation
de Dieu dans toutes les circonstances, dans la conscience de la pensée
et dans le mouvement de l'attitude.
Il s'agit de la ligne droite, du mouvement engagé,
fort et conscient, des valeurs spirituelles ouvertes à Dieu et, à
travers Lui, à la vie et à l'homme.
Il s'agit de la société de la femme engagée et de
l'homme engagé dans la fidélité à Dieu. Cet engagement donne plus qu'une
preuve sur le fait que l'éducation islamique consciente peut donner
naissance à ces grandes valeurs chez l'homme et la femme à la fois, si
toutefois l'un et l'autre vivent les mêmes conditions et suivent la même
voie.
Ce sont des idées inspirées du verset mentionné plus
haut et très nombreuses sont les inspirations semblables du Noble Coran
qui place l'homme, considéré dans son humanité, dans la position de
lancer l'appel divin dont le but est de transformer la vie pour la
refaire à l'image du message qu'il porte.
LA NÉCESSITÉ DE CONSTRUIRE LA PERSONNALITÉ
A la lumière de ce que nous venons de dire, il est
possible de penser à la nécessité de développer cette profondeur humaine
propre à la femme. Cela peut se faire par la planification visant la
construction de sa personnalité à partir du renforcement de son énergie
mentale au moyen de l'expérience vivante et de la connaissance riche. Il
faut aussi agir pour que ses énergies s'ouvrent devant les grandes
causes humaines et devant la responsabilité englobant toutes les
affaires de la vie, ce qui constitue la condition de son succès sur tous
ces plans. La question du développement mental, pratique et dynamique
dans la personnalité de la femme n'est pas – comme nous l'avons remarqué
au niveau des grands résultats positifs sur maints plans et dans maints
domaines – quelque chose d'étranger par rapport à la nature des choses
dans leur existence. Cette réalité veut dire que la faiblesse vécue par
la femme et l'arriération dont elle souffre ne sont pas une fatalité
dont elle ne pourrait nullement se débarrasser dans sa vie. Elles sont
plutôt les conséquences de l'indifférence et du délaissement qui
frappent les ressources de la conscience et de la force dans l'éducation
de sa personnalité et dans la construction de son être, comme c'est
exactement le cas de l'homme faible de pensée et arriéré dans sa
conscience ainsi que dans le mouvement de sa vie. Cela n'est pas dû à sa
nature considérée dans son essence, dans telle ou telle région de son
être, mais à une carence ou déficience dans la préparation des facteurs
indispensables pour le progrès et l'acquisition de la force, dans les
conditions extérieures qui l'entourent.
Si l'élément féminin renferme une certain faiblesse
dans la personnalité de la femme, faiblesse qui est en rapport avec le
côté affectif dont la présence est plus perceptible au niveau de ses
sentiments, ou avec le côté physique ne lui permettant pas de soulever
de grands poids, comme c'est le cas de l'homme, rien ne peut empêcher de
transformer cette faiblesse en force. Cela peut se faire par l'éducation
de la pensée au moyen de la connaissance, par le renforcement de la
raison par la pratique, par l'affaiblissement de l'affectivité par la
conscience fondée sur l'approche du monde d'une manière objective et
avec une méthode éducative pratique et équilibrée et, enfin, par
l'entraînement avec lequel le corps peut acquérir la force dans des
limites raisonnables. Nous connaissons, en effet, beaucoup de femmes qui
possèdent une volonté plus ferme, une attitude plus solide et une
conscience de la réalité plus développée que ce que nous connaissons
chez beaucoup d'hommes qui négligent les ressources de la force dans
leurs personnalités. Cela signifie que les points faibles dans la
constitution humaine ne sont pas des instances inhérentes à l'essence et
qui font parties intégrantes de la nature humaine immuable, mais des
instances naturelles capables d'adaptation et d'évolution grâce à
l'effort humain et dans la sphère positive ou négative.
L'enseignement coranique au sujet de la personnalité
de la femme de Pharaon et de Mariyam Bint 'Imrân (Marie, la Fille de 'Imrân,
et Mère de Jésus) (p) peut être considéré comme un témoin des
possibilités que possède la femme de se révolter contre la faiblesse
féminine dans sa personnalité, pour se transformer en un être humain qui
fait face aux hommes et qui confronte leur puissance avec force et
fermeté.
Et il se peut que certains pensent que le voile (hijâb),
avec tout ce qu'il constitue comme entraves et engagements, ne permet
pas le mouvement efficace et équilibré de la femme, dans la mesure où il
empêche la promiscuité et l'intégration dans les groupements publics, ce
qui, soi-disant, pourrait avoir des conséquences négatives sur le
mouvement de sa contribution à la fondation de la civilisation humaine
sous ses différents aspects. Mais nous ne sommes pas de cet avis
LA POSSIBILITÉ D'UN RÔLE ADÉQUAT
Si donc certains posent la question sous cet angle,
nous ne pensons pas que cela empêche de trouver, pour la femme, un rôle
qui soit à la mesure de ses possibilités et ses engagements. Il y a
l'immense contexte féminin qui a besoin des efforts des éléments
féminins cultivés, conscients et dynamiques pour se charger des tâches
de la diffusion de la connaissance et de l'instruction, pour mener la
mobilisation spirituelle et l'activité politique et sociale, à partir
des besoins propres de la femme elle-même, cette femme qui a besoin de
remplir ses obligations et de répondre positivement à ses
responsabilités islamiques dans le mouvement de la vie. Il en est ainsi
car l'indifférence, de la part de la femme engagée dans la voie de Dieu,
vis-à-vis du rôle positif qu'elle peut jouer dans l'action sociale, et
la passivité de l'homme dans les conditions du manque de communication
entre les deux milieux vitaux de l'homme et de la femme, conduisent
nécessairement vers une société dont la moitié féminine est arriérée sur
les plans socioculturels et politiques et, de ce fait, déviante, sur le
plan religieux et au niveau de l'engagement ferme au service de la cause
de Dieu.
D'autre part, L'Islam n'a considéré la promiscuité
des hommes et des femmes comme obligatoirement interdite que dans les
conditions qui peuvent conduire à la déviation morale. Quant à la
promiscuité équilibrée qui respecte les limites morales et se soumet aux
exigences de l'équilibre, elle ne s'éloigne pas du terrain propre aux
activités légalement licites. Cela est fondé sur l'éducation islamique
investie dans l'affirmation de l'engagement islamique dans la
personnalité de l'homme et de la femme. Beaucoup d'expériences vécues
par la marche islamique, au passé comme au présent, prouvent que la
question de la discipline, dans les limites légales, n'est pas quelque
chose qui s'écarte du réalisme dans l'expérience humaine vivante. Si
certains se réfèrent aux faits moralement négatifs, aux déviations
vis-à-vis des règles légales, et qui peuvent surgir en conséquence à la
promiscuité, cela ne constitue pas, à notre avis, un grand problème dans
le cadre de la question que nous sommes en train de traiter. Car
l'insuccès de l'expérience dans certains milieux ne signifie pas qu'il
doit en être de même dans tous les milieux sociaux où cette question
morale est posée. Il en est ainsi dans la mesure où la faiblesse humaine
peut imposer la déviation lorsqu'on se trouve en état d'inattention et
lorsqu'on ne se garde pas suffisamment de la chute. Il se peut que ce
phénomène ne soit pas étranger à la sphère individuelle et personnelle
de tout homme et de toute femme, ce qui exige qu'un effort soit déployé
dans le sens de l'affirmation des règles dans le cadre social et
individuel, sans recourir à l'étouffement des initiatives nécessaires
pour le mouvement de l'individu et de la société, car cela signifie
l'annulation de toute expérience – pouvant être menée dans le cadre de
la responsabilité- sur tous les plans de la vie publique ou privée, sous
prétexte que telle expérience n'est pas, d'une manière ou d'une autre,
assez distante de la déviation considérée sous l'une ou l'autre de ses
dimensions particulières.
Il se peut que certains posent la question de la
maternité en tant qu'elle constitue une question importante et
essentielle qu'impose, à la femme, son rôle islamique de premier plan
qui peut même être considéré, en raison de ses engagements naturels en
rapport avec la grossesse, l'allaitement et l'éducation des enfants,
comme son rôle le plus éminent sur le plan humain. On peut même penser à
partir de la réflexion sur cette question que l'originalité du rôle
humain de la femme s'affirme à travers le développement de sa
personnalité comme mère et cela après avoir connu un développement non
moins important au niveau de sa personnalité comme épouse. Certains
insistent sur les conditions qui empêchent la femme de jouer d'autres
rôles dans les domaines culturels, sociaux ou politiques, ce qui
signifie, pour eux, qu'elle doit choisir entre son rôle d'épouse et de
mère responsable de veiller sur son mari et ses enfants, et son rôle
d'organe actif sur le plan de la vie publique où elle aura à veiller, à
travers son activité dans ce domaine, sur la communauté toute entière.
Il n'est donc pas possible, pour ceux-là, de trouver un état d'équilibre
entre ces deux rôles dont l'un peut envahir l'autre et arriver même à
l'annuler complètement dans certaines conditions générales.
Mais nous pensons que la maternité, considérée à
travers ses responsabilités et problèmes, est comparable, au niveau de
la dimension réelle et pratique de la question, à la paternité
considérée à travers certains de ses responsabilités et problèmes, et ce
même si l'une et l'autre sont différentes quant à leur nature pour ce
qui est de la grossesse, de l'allaitement, de l'éducation des enfants et
des soins à apporter aux enfants et au mari, ce qui n'est pas vécu par
le père ou l'époux qui reste en dehors de ces occupations… Mais la
responsabilité légale – confiée par l'Islam à l'époux et au père et en
vertu de laquelle ils doivent assurer les dépenses du foyer conjugal et
veiller sur les besoins de la femme et des enfants- prend la plus grande
partie du temps et épuise la majeure partie de l'énergie. Les choses
sont donc comparables, au niveau de cette sphère, familiale, et proches
les unes des autres quant à la nature des contraintes et des problèmes
et à l'envergure de la responsabilité.
Mais tout cela n'empêche pas l'homme de disposer
d'une certaine liberté de mouvement dans l'affirmation de sa
personnalité comme être humain et comme Musulman. Il peut participer à
toutes les activités, publiques et privées, qu'exige de lui son
appartenance humaine, dans les domaines culturels, sociaux et politiques.
Il peut s'acquitter de tout ce que son appartenance à l'Islam exige de
lui comme appel à la cause de Dieu, à la lutte sacrée (Jihâd) et au
soutien et renforcement du mouvement de l'Islam considéré comme un
message, ou comme action visant l'amélioration de la situation réelle
des Musulmans en tant qu'ils constituent une société et une communauté.
Il lui est indispensable de prendre ces activités en considération et de
les respecter dans le cadre de son travail en fonction de ses
possibilités en matière de temps et d'effort, et ce parce que l'homme ne
peut pas se limiter au niveau de son rôle d'époux ou de père. La
maternité et la paternité ne représentent que deux parmi les titres des
relations humaines instituées par Dieu pour régir l'enchaînement continu
du mouvement de la vie, alors que l'Islam exige du père et de la mère de
se soumettre aux grandes lignes qui régissent tous les grands titres du
mouvement humain… Il est donc nécessaire d'agir dans la sphère publique
pour mettre tout le milieu à l'abri des tremblements, des failles et des
situations négatives qui pourraient intervenir pour la faire dévier de
la voie droite fixée par Dieu et que l'homme doit suivre dans son
mouvement actif et transformateur de la vie. Cela exige qu'il se mette
au service du message et qu'il déploie son effort intellectuel et
pratique pour atteindre les objectifs escomptés, ce qui l'oblige à
pourvoir une partie de son temps pour l'action publique, dans le cadre
de l'action particulière en rapport avec les obligations du Message, ou
dans le cadre de l'action générale avec ses ambitions dirigées vers les
larges perspectives de la vie.
On peut envisager la même question, d'une manière
semblable, en ce qui est de la personnalité de la femme-épouse ou de la
femme-mère. Cela ne supprime pas sa personnalité comme être humain
devant donner à l'humanité une partie de son potentiel culturel, social
et politique dans les domaines où elle peut agir pour réussir ce genre
de tâches. Cela n'entrave pas son mouvement en tant que Musulmane devant
servir l'Islam dans le domaine de l'appel, dans celui de la lutte sacrée
et dans celui de son mouvement pratique en vue du changement. De ce fait
elle doit, en dehors de sa responsabilité d'épouse et de mère, pourvoir
une partie de son temps et de son effort pour la déployer au service de
l'humanité considérée dans son sens général et au service de l'Islam,
pris dans le sens de son mouvement universel. Il se peut même que les
activités de la femme dans le domaine public soient un facteur qui
affirme et consolide la vitalité du sens humain et islamique dans les
activités de sa vie d'épouse et de mère.
Le fait de souligner le rôle de la femme en tant que
"maîtresse de maison" n annule pas, tout comme le fait de souligner le
rôle de l'homme en tant que "maître de maison", la nécessité d'agir
suivant la ligne humaine allant dans le sens des profondeurs de la
réalité à la lumière de la direction (hudâ) de l'ouverture de l'Islam à
toutes les causes, grandes ou petites, de l'humanité qui cherche à
atteindre ses buts en suivant la ligne droite et en se dressant
fermement contre toute déviation.
C'est justement ce que nous suggère le noble verset
coranique qui charge les Croyantes de la responsabilité de recommander
le bien et de déconseiller le mal tout comme il le fait pour les
Croyants. Les suggestions vont plus loin et s'approchent davantage de
cet aspect social de la question dans les affirmations coraniques
concernant la fusion de l'humain et de l'islamique à travers l'ordre de
l'autorité (wilâya) où les Croyants et les Croyantes deviennent ceux
dont les uns ont autorité sur les autres sur les plans de l'action, de
l'assistance, du soutien et de la collaboration dans tous les domaines
communs. Dieu –qu'Il soit exalté- dit à ce sujet.
"Les Croyants et les Croyantes ont autorité les uns
sur les autres. Ils recommandent le bien et déconseillent le mal. Ils
établissent la prière, s'acquittent de l'aumône et obéissent à Dieu et à
son Messager. Ceux-là auront la Miséricorde de Dieu. Dieu est puissant
et sage. Dieu a promis aux Croyants et aux Croyantes des jardins qui
surplombent des rivières qui coulent? Ils y seront éternels. (Il leur a
promis) des demeures agréables dans les Jardins d'Éden ainsi que les
bonnes grâces de Dieu qui en sont plus grandes. Voilà la plus grande
réussite!".
Coran, "at-Tawba" (le Repentir), versets 71 et 72
LE PROCESSUS D'INTÉGRATION HUMAINE
Cette parole divine nous présente l'image de la
société croyante qui suit la voie de perfection. Cette image représentée
par le fait que les Croyants et les Croyantes se dressent ensemble, à
travers l'union de la soumission à l'autorité de Dieu, soumission
ouverte à la responsabilité de faire face à la déviation sociale,
politique et doctrinale qui se manifeste dans l'abandon du bien et
l'encouragement du mal. Cela assure l'unité universelle des Croyants qui
agissent ensemble pour redonner la vie à la ligne du bien et rompre les
liens avec la ligne du mal à travers l'exercice de la prière, le
versement de l'aumône et l'obéissance à Dieu et à son Messager dans tout
ce qui touche le contenu de ce message que ce soit au niveau de la
doctrine et de ses différents concepts ainsi que dans la Loi et l'étendu
de ses qualifications. C'est seulement cela qui leur permet d'avoir la
miséricorde de Dieu et de gagner son Paradis –dont les délices sont
éternels- pour s'élever ainsi au rang suprême et supérieur à tout cela,
à savoir celui où l'on gagne les bonnes grâces de Dieu et où l'on
atteint l'objet d'espérance et la raison de vivre pour tout Croyant et
toute Croyante. Face à cette image rayonnante qui flotte dans les
lointains horizons de la miséricorde de Dieu et de ses bonnes grâces, se
trouve une autre image; celle des hommes et des femmes hypocrites qui se
débattent dans le monde négatif et déviant représenté par la société
fondée sur l'unité organique des hypocrites des deux sexes qui
s'attachent les uns aux autres et qui coopèrent pour empêcher la vie de
s'engager dans la ligne du bien, pour la diriger vers la ligne du mal,
pour bloquer en elle la possibilité de s'ouvrir à la charité et pour lui
faire oublier Dieu qui, en réponse, l'oublie en se détourant d'elle et
de ceux qui s'attachent à elle. Cela est clair dans la parole divine qui
dit:
"Les hommes et les femmes hypocrites font partie les
uns des autres; ils recommandent le mal et déconseillent le bien et ils
ne tendent pas leurs mains (pour donner). Ils ont oublié Dieu et (en
réponse) Il les a oubliés. Les hypocrites sont les pervers. Dieu a
promis aux hommes et aux femmes hypocrites ainsi qu'aux infidèles le Feu
de l'Enfer où ils seront éternels. Il est leur lot et ils auront la
malédiction de Dieu et les supplices sans fins".
Corna, "at-Tawba" (le Repentir), versets 67 et 68.
Il en est ainsi pour la société où convergent les
facteurs de la déviation pour l'entraîner loin de Dieu. L'hypocrisie
donne lieu, chez les hommes et les femmes, à une situation anormale qui
les met devant le danger de se trouver au milieu du Feu de l'Enfer où
hypocrites et infidèles se trouvent à pied d'égalité devant la colère de
Dieu qu'ils ont bien méritée.
Nous voyons ainsi comment le Coran parle des hommes
et des femmes en les unissant dans leur vie dynamique, loin des
considérations de la paternité, de la maternité et du lien conjugal où
l'on se trouve toujours dans deux sphères antagonistes dont l'une est
positive et l'autre négative. Au contraire le Coran ne donne pas aux
hommes un rôle plus important que celui des femmes. Il ne repousse aucun
d'eux vers la marge de la vie en l'embourbant dans des rôles spécifiques
comme celui de père, de mère, d'épouse et d'époux. Il est même possible
de dire que c'est le rôle général qui confère au rôle particulier ou
spécifique son contenu humain ou missionnaire à travers ses effets
positifs au niveau de la pensée et de l'âme de l'être humain, effets qui
s'étendent avec force et foi pour couvrir toute la réalité et tout le
terrain de l'activité pratique.
Il existe un problème complexe dans la mentalité de
beaucoup de Croyants, islamistes ou non. Il considèrent la femme comme
si elle était un être sexuel qui ne s'ouvre à la vie qu'à partir de
l'aspect sexuel de sa nature charnelle dans ses dimensions relatives à
la procréation. De la sorte, la vie de la femme sera réduite à cette
seule sphère et ce au niveau des engagements moraux, des relations
sociales et des tendances personnelles. Il n'y a pas de place, à leurs
yeux, pour aucune vision de la femme qui la porterait devant les larges
perspectives de la vie. Ils ne pensent pas que la femme possède, en tant
qu'être humain, des énergies actives qui pourraient donner de l'élan, du
mouvement et de la pensée à la vie et au processus de l'invention
créative… A la place d'une telle attitude, on ne manque pas de
rencontrer des gens qui se moquent de ces idées, les considérant comme
des plaisanteries ou comme des chimères fantastiques ne possédant aucune
chance réelle de se réaliser et prendre vie.
Ceux-là ne regardent pas l'homme du même œil bien
qu'aucune différence ne soit enregistrée entre l'homme et la femme du
point de vue de la fonction humaine de la pulsion sexuelle considérée
comme un mouvement instinctif dont la satisfaction aboutit à la détente
physique et assure la procréation et la continuité du genre humain. Il
n'existe pas de différence sur ce plan, bien que les caractéristiques
propres de l'homme et de la femme soient différentes en fonction du rôle
consécutif à la différence de leurs constitutions physiques.
Mais cette différence n'implique pas des différences
correspondantes au niveau des questions morales relatives à la pudeur de
l'homme et de la femme, à leurs engagements légaux concernant la
question sexuelle, à la nature des frontières à respecter dans leurs
relations humaines et à leurs capacités intellectuelles, spirituelles et
pratiques.
La pensée islamique considère la femme et l'homme à
travers leur humanité et n'établit pas de différences entre eux à partir
de leurs constitutions physiques ou à partir de leurs responsabilités.
Elle les invite ensemble à introduire le mouvement de
la civilisation islamique dans la vie des gens… Elle les considère
ensemble comme responsables, à parts égales, de la déviation et du
progrès dans la voie droite. Elle partage leurs tâches et leurs rôles
sur la base du processus de l'intégration humaine où chaque partie, le
mâle et la femelle, donne à l'autre quelque chose de ses propres
caractéristiques de sorte qu'au niveau des résultats, les propriétés
humaines s'unissent dans l'intégration des rôles et des responsabilités. |