La femme en Islam
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> PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION (ARABE)

Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux

PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION (ARABE)

Louange à Dieu et que la paix soit sur les serviteurs qu'Il a élus.

Cela fait peut-être partie de la fidélité au mouvement de la vie, que de parler de la femme à travers son rôle actif et dans ses dimensions humaines et multi-situationnelles. Car ce sont ce rôle et cette dimension qui sont à l'origine de beaucoup de concepts peu sûrs que l'on entretient au sujet de la femme, particulièrement, dans le cadre de la religion islamique. Cela peut conduire à l'embarras lors des échanges avec la femme sur le plan du réel, ou porter atteinte à sa confiance en elle-même à travers les diverses insinuations qui pourraient avoir une influence négative sur ses sentiments et ses façons d'intérioriser la vie qui l'entoure et les responsabilités dont elle doit se charger.

Il se peut que le danger de ce genre d'instabilité dans les vues islamiques concernant la femme, l'homme et la vie se présente dans les retombées négatives de cette instabilité au niveau des mutations des idées lorsqu'elles prennent la forme d'un programme pratique qui réduit l'universalité de l'humain en enfermant l'homme dans des lieux clos et non ouverts aux larges horizons de l'existence, sous prétexte que toute tentative de sortir de ces lieux est une déviation de la ligne droite et légale. Cela élève l'immobilisme au rang du sacré et confère à l'erreur une valeur positive.

Le problème peut devenir encore plus grave lorsque les postulats qui peuplent la mentalité commune passent au devant de la scène pour empêcher le dialogue autour de certaines questions vitales, sous prétexte que de telles questions sont tellement évidentes qu'il n'est pas loisible de les discuter; ou tellement sacrées qu'il n'est pas convenable de s'en approcher, alors qu'il ne s'agit ni d'évidences ni de questions sacrées, mais plutôt de certaines idées qui arrivent à occuper, dans le mouvement des sociétés, des positions qui leur confèrent une puissance réelle. Les gens s'interdisent de les discuter par peur ou par ignorance et, de la sorte, elles s'installent dans la conscience en tant qu'idées vraies, alors qu'elles n'ont rien de la sérénité de la vérité.

La méthode coranique concernant les convictions intellectuelles dans leur totalité, même celles ayant trait aux questions de l'existence de Dieu, de Son unité et des messages apportés par Ses messagers, trouve son point de départ dans la contemplation, la recherche, la déduction et le dialogue. On remarque que, même au sujet de certaines de ces idées-forces fondées sur la notion de la fitra (nature initiale de l'homme au moment de sa création par Dieu), le Coran invite au dialogue et à la réflexion sur ces questions ainsi considérées comme des questions théoriques comme tant d'autres. C'est que le Coran cultive chez l'homme la tendance à se mettre en face de ses appartenances intellectuelles et pratiques et à les considérer à partir d'une attitude mentalement dynamique, consciente et ouverte à toutes les tendances et à toutes les possibilités.

A la lumière de toutes ces considérations, l'approche que nous faisons dans ce livre, de la question féminine, est une tentative de réflexion ayant pour but d'entrer dans une grande expérience de dialogue qui s'arrêterait devant tous les points d'interrogations, qui suivrait tout le mouvement de la réalité et qui pénétrerait dans les profondeurs de la tradition islamique. Tout cela pour atteindre la clarté conceptuelle de cette question dont les effets négatifs sur le mouvement de la réalité islamique sont présents au niveau de la vision théorique et de l'exercice pratique, au point que - sous l'influence des courants adverses, ou des sentiments tendus, ou des problèmes complexes qui s'imposent et frappent le développement naturel de la vie de l'être humain, paralysant ainsi son dynamisme et étouffant son activité en le transformant en un élément inerte et sans vie- les gens sont amenés à penser que la situation doit être changée par la logique de la révolution.

Ce que nous cherchons, à travers toutes nos expériences intellectuelles et pratiques touchant la question de la femme, est de présenter la véritable forme de la conception islamique concernant cet être humain (la femme) qui complète l'autre être humain (l'homme). Cela veut dire que toute annulation ou réduction de son mouvement aura des effets négatifs sur tout le mouvement de l'existence, car tout déséquilibre au niveau de l'une des dimensions de son être ne peut qu'aboutir au déséquilibre de son essence même.

La question n'est pas, telle qu'elle doit être posée du point de vue de la conscience islamique, une simple mise en évidence de l'image dans sa dimension purement intellectuelle. Elle représente, en plus, un pas vers le changement de la réalité prise dans sa dimension pratique. Car le mouvement de l'évolution dans les conflits entre les civilisations peut imposer à la vie islamique une pensée ou une réalité étrangère par rapport à ses propres visions, et cela en raison de l'énorme vide dont souffrent la pensée islamique et la réalité vécue par les Musulmans.

Nous ne voulons pas nous soumettre aux influences des autres dans leurs tendances et dans leurs orientations culturelles, car cela nous éloigne de la droiture du chemin et de la pureté de l'idée. Nous voulons plutôt entamer le processus de correction et de réparation à l'aide de nos propres méthodes et moyens islamiques et en nous fondant sur la connaissance des concepts originaux et, tout cela, sur la base de la profondeur et de l'exhaustivité, dans un mouvement de réflexion et de dialogue et avec une attitude intellectuelle prête à saisir les attaches de la vie qui nous entoure.

Nous n'appelons pas à une révolution qui chercherait à attirer le changement de l'extérieur; qui refuserait notre réalité dépréciée par les autres, pour que ces mêmes autres soient satisfaits de nous une fois que nous serions en bon terme avec eux. Nous appelons à comprendre l'Islam d'une manière dynamique et ouverte sur toutes les dimensions de la vie, au lieu de s'accrocher à un seul de ses aspects, comme c'est justement le cas dans notre façon générale de comprendre la femme qui est devenue, dans notre conscience, un être sexuel dont toutes les dimensions de la personnalité, qu'elles soient au niveau des sentiments, de la pratique ou des tendances, se déterminent en tant qu'expressions du mouvement de la sexualité. Et ce au lieu d'être –tout comme l'homme- un être dont la sexualité ne représente qu'une seule de ses caractéristiques existentielles en rapport avec la question de la continuité et de la perpétuité de l'existence humaine. Il va de soi, bien sûr, que ces caractéristiques existentielles représentent d'autres dimensions en rapport avec la construction de la vie à partir de toutes ses vraies assises et dans tous ses vrais élans au niveau de la création culturelle et civilisationnelle.

A l'origine, ces réflexions étaient destinées à dialoguer: à constituer des réponses à des interpellations posées à partir de maintes circonstances de celles qui animent l'espace et le temps. C'est pour cette raison que le lecteur est invité à bien vouloir nous excuser pour certaines répétitions qu'exige souvent la nature des problèmes en question.

Nous avons remarqué que ces réflexions ont intéressé les lecteurs au point que la première édition (arabe) du livre a été épuisée, à peine un mois après sa publication.

Nous espérons que cette deuxième édition sera le point de départ d'une prise de conscience, d'un mouvement de dialogue et d'une ouverture à beaucoup d’autres éclaircissements intellectuels et pratiques.

C'est Dieu qui fait réussir.

Nous comptons sur Lui.

Il est le meilleur de ceux auxquels on se confie.

Beyrouth, le 8 jumâdâ al-awwal 1413 de l'hégire
Muhammad Hussein Fadlullah

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